“We had the world, we had it all in the palm of our hands” chantait Guy Chadwick sur “Maybe You Know”, touchante lettre d’excuses adressée à son guitariste Terry Bickers…
“We had the world, we had it all in the palm of our hands” chantait Guy Chadwick sur “Maybe You Know”, touchante lettre d’excuses adressée à son guitariste Terry Bickers en 2005, après s’être fâchés pendant quinze ans. Il est vrai qu’à la fin des années 80, la Maison de l’amour fut à deux doigts de connaitre le succès de masse, propulsé par les hits de l’album papillon « Shine On » et « The Beatles and the Stones », même si Bickers n’y officiait plus déjà. Quand bien même, la reformation de House of Love au milieu des années 2000 n’a pas été reçue avec le même élan populaire que celle des Pixies ou des Stone Roses. Une injustice à nos yeux, Guy Chadwick étant un songwriter de premier plan, continuant d’écrire des chansons d’une finesse rare (le très honnête album du retour Days Run Away), tandis que d’autres se contentent de tourner et prospérer en se reposant sur leur vieux répertoire. Mais tout cela semble en vérité dérisoire aujourd’hui. Il y a longtemps que son leader, la cinquantaine sevrée, n’a plus de raison de courir après les podiums. Ce nouvel album, She Paints Words In Red, arrive donc huit ans après Days Run Away. Et rendent les retrouvailles, par son caractère incertain, d’autant plus précieuses. La vieille garde rapprochée, le producteur Pat Collier est toujours là. La voix grave et creusée de Chadwick reflète désormais une certaine plénitude, quand les arpèges de Bickers suivent plus que jamais les aspérités racées du Velvet Underground et The Only Ones. Douze titres qui ne cherchent pas à faire dans l’accroche instantanée, mais d’une sincérité flagrante, attestant que les tenanciers de cette maison ont encore de l’amour à partager. Beaucoup de ballades qui nous ramènent à Lazy, Soft and Slow (1998), l’album solo de l’ex The Kingdoms – à réévaluer d’urgence d’ailleurs – sur les jolies folksongs tamisées que sont « Lost in the Blues » et « Low Black Clouds » ainsi que les plus légers « Trouble in Mind » et « Sunshine Out of The Rain ». Et puis ne serait-ce que pour le crépusculaire « Purple Killer Rose » (« PKR »), une ancienne face B de 1991 retravaillée, où la voix brisée et inquiétante de Chadwick demeure captivante. L’enlevé « Holy River », fait office d’épilogue émouvant de l’album, où l’on retrouve le meilleur du groupe condensé en trois minutes. Mais la meilleure conclusion se trouve sur « Eye Dream », où Chadwick nous sert en couplet « Sweet, soft and slow », comme pour rectifier le titre de son unique album solo. C’est tout à fait ça.