Second album de quatre Allemandes joueuses qui secouent la pop et le post-punk avec enthousiasme.
Ne pas se fier aux apparences et au dessin de la pochette. Candelilla ne fait pas dans la folk à fleurs pour papillons dépressifs et serait plutôt du genre à cracher dans la soupe à la grimace ambiante. Le titre de leur album Heart Mutter annonce la couleur, en alternant le chant en allemand et en anglais, le groupe ne fait pas les choses comme tout le monde et marque le rock en noir et blanc germanique au fer rouge. Charmant programme.
La présence de Steve Albini au générique donne une première indication. Si le marathonien de la console a transformé au fil du temps son studio Electrical Audio en auberge espagnole, on garde en lui une certaine confiance. Le groupe a donc enregistré live, sans overdubs, mais avec un cÅ“ur gros comme ça. Fusil en mains, elles tiennent en joue les Gossip et inculquent le sourire à The XX à grands coups de converse. Non, ici les invités à leur banquet sont, à ma droite, les Raincoats, Delta 5 et LILIPUT, et à ma gauche, Sleater Kinney. Les quatre grrrls de Munich sont guidés par la liberté de ton des unes et l’esprit frondeur des autres.
La mise au point est radicale dès le premier morceau « 28 ». Le son est tendu, la batterie fait faire des petits bons à l’intestin pendant que la guitare tranche dans le vif et laisse la basse finir le travail. Indie rock 90’s reprezent. C’est super efficace, la nuque en prend un petit coup, mais ça reste sans surprises. L’élément qui vient pimenter un peu les choses est le piano. Il est présent tout au long de l’album et s’intègre de manière étonnante aux compositions fragmentées des Munichoises. À la manière d’un Menomena, ça tombe parfois à l’improviste, mais toujours avec justesse. Ici, c’est Electrelane qui s’est délesté de son métronome et de ses prétentions arty, là, c’est Paper Chase qui aurait suivi une longue psychanalyse « 21 ». Et puis, histoire de rafraîchir un peu l’ambiance, elles n’hésitent pas au passage à glisser quelques notes de synthé passées au freezer sur « 27 » et « 26 ». Les références s’entrechoquent, quitte à piquer au passage quelques riffs à Sleater Kinney sur « 30 », et à tenter de rivaliser avec les harmonies vocales de Grass Widow.
La musique de Candelilla est en perpétuel mouvement, faite de cassures et de rebonds inattendus. La spontanéité et l’engagement ont cependant leur revers de la médaille. La seconde partie de l’album notamment, est en roue libre et plus bancale sans être dénuée de charme. Chaque morceau détient son petit gimmick qui colle à l’oreille. Finalement, l’équation est simple, Heart Mutter = Heart Muzik.