Les rescapés de Sunmakers surfent sur la vague garage rock californienne et déchaînent leur fougue: jouissif.
Trio originaire de la « Belle Endormie » (Bordeaux, une ville beaucoup plus Rock qu’on ne le croit) composé de Jimmy Sunmakers (batterie), Billy Dorados (guitare/chant) et Carole Tweedlee Dee (Basse/ chant), les Sunmakers ont inlassablement arpenté les clubs pendant près de trois ans pour faire swinger, twister voire pogoter la jeunesse de France au son de leur Surf Rock Sixties endiablé mélangeant punk, yéyé et ambiance de…série Z. A ce sujet, l’excellente vidéo « A Robot on the Beach », renverrait Ed Wood, s’il était toujours vivant, à ses chères études de cinéma fauché. Les influences furent diverses, le style unique, le succès… relatif.
Pourtant prometteur, Sunmakers disparaît à l’été 2012, pour accoucher de Los Dos Hermanos (« les deux frères » en Espagnol, probablement un hommage au batteur qui ne faisait plus partie de l’aventure), soit les mêmes moins Jimmy Sunmakers, remplacé aux fûts par sa soeur Carole. Billy reste à la guitare, personne ne reprend la basse. Dans le civil, le duo est un couple.
Le style évolue, se radicalise, les titres vont droit au but et ne durent pas plus de 2’30. « Robespierre », qui lance les hostilités avec sa guitare saccadée et sa voix pleine de reverb, ferait presque passer Thee Oh Sees (dont l’influence est évidente) pour un groupe FM. Dans ce grand brouhaha de reverb et de distorsions, Los Dos Hermanos annoncent la couleur: ils ne sont pas « garage » par nécessité, mais bien par conviction. L’accroche est immédiate, tout comme le déhanché. Bien qu’agressive et bruyante (exit les gammes bluesy à la basse présentes dans Sunmakers) la musique de Los Dos Hermanos est aussi curieusement dansante, entraînante (« Blue night in Summer », bijoux 50’s, ou encore l’éclatant « Set up »), quand elle ne lorgne pas sur le punk le plus basique-mais-jouissif (« Loud », « N°13 », sur laquelle on croirait entendre les Stooges) voire sur le hardcore-sixties (si, si, ça existe, écoutez donc le fabuleux mais trop court final, « Lies »).
« The Buster », facilement mémorisable, entrainante, fait office de tube, mais c’est bien « Everywhere’s the Back Of My Door » qui fera planer les groupies quand le groupe sera célèbre: sur un tempo évident, ajouté à la distorsion psyché parfaite, Los Dos Hermanos nous fait rêver de soirées improvisées ou ils prennent la gratte et les fûts pour faire swinger les potes dans un loft juché de canapés décrépit et d’oeuvres peintes ou polies, noyées dans une fumée épaisse et épicée nous dirigeant vers l’arrière salle dans laquelle Andy Warhol taperait la discussion à un Jim Morrison avachi.
Allez-y, redonnez-nous encore un peu de toutes ces saveurs que l’on n’a pas connu. Et s’il vous plait, passez en concert près de chez moi. J’ai besoin de me dépenser.