Un disque pour parfaire son teint avant l’été : Bronze Age
– Convoquer le fantôme de Flotation Toy Warning,
– Toquer à la porte de la cabane de Jason Lytle,
– Arpenter la campagne en compagnie de Kings Of Convenience,
– Traverser l’Europe de Girls In Hawaii,
– Chanter les chÅ“urs d’harmonie de Midlake,
Voilà les quelques recettes appliquées avec soin, et comme depuis dix ans maintenant, au sixième album de Kingsbury Manx. Avec une régularité exemplaire, le groupe réalise des disques de pop américaine dans lesquelles d’évidentes chansons savamment orchestrées dévoilent les charmes de mélodies tout aussi fascinantes. Les nappes d’orgue habillent ici un ternaire mélancolique (« Ashes To Lashes »), maquillent là une course effrénée (« Solely Bavaria »). Si un piano enjoué entraîne « Handsprings » dans de joyeuses cascades, une trompette finale vient aussi colorer cette musique pour un temps plus guillerette; il en va ainsi de l’accompagnement de sons fantomatiques qui hante le merveilleux « Glass Eye » d’une présence envoûtante : voici la magie de la pop luxueuse mais non luxuriante de Kingsbury Manx qui construit sur des rythmes plutôt soutenus des ambiances tantôt riantes tantôt sombres, s’achevant sur une amère observation « I guess this bronze age dies alone on the telephone« . Pourtant, le disque est produit en famille, confidentiellement distribué (après un premier album chez EMI voilà déjà 13 ans) quand il devrait faire la Une de l’actualité : éternel constat, toujours le même depuis quarante ans de pop music : il faudra laisser au temps la force de faire surgir les Å“uvres qui lui résistent; alors Kingsbury Manx sortira de terre tel un outil de l’âge de bronze pour laisser aux générations futures le témoignage d’un savoir-faire éprouvé. Ce serait grand tort que de le laisser disparaître sans rien dire.
En écoute sur Soundcloud, The Kingsbury Manx – « Lyon »