Quelques mois après la rayonnante parenthèse islandaise Cheek Mountain Thief, le bidouilleur briton Mike Lindsay s’en retourne à sa formation emblématique, Tunng, avec un cinquième album où leur alchimie hybride folk conserve tous ses mystères.
Quelques mois après la rayonnante parenthèse islandaise Cheek Mountain Thief, le bidouilleur briton Mike Lindsay s’en retourne à sa formation emblématique, Tunng, avec un cinquième album où le alchimie hybride folk conserve tous ses mystères. On a été surpris d’apprendre récemment via l’article d’un confrère l’émergence d’une nouvelle mouvance electro-folk distinguée par Junip et John Grant… C’est oublier un peu vite que Tunng s’illustre dans le genre depuis maintenant une décennie aux côté de Grizzly Bear et Animal Collective. En France, c’est en 2006 que le collectif émerge grâce à l’entremise du label Talitres, qui a la lumineuse idée de distribuer leur second album, Comments on the Inner Chorus. On parle alors de folktronica pour l’aspect débridé de leurs compositions, sans pour autant négliger les mélodies et des paroles un peu plus concises que la moyenne. Au fil des productions, l’habile fusion entre quiétude acoustique et rigueur électronique du sextet semble céder davantage d’espace aux harmonies pop, le chant de Mike Lindsay étant sur Turbines quasi-constamment doublé par celui de la douce Becky Jacobs (mais aussi la grandiose cathédrale d’harmonies sur « Ember »). Appelé en renfort pour l’enregistrement de Turbines, l’électronicien et producteur londonien Benge (patron du label Expanding Records) leur a gentiment autorisé de fouiner dans son impressionnante collection de synthétiseurs pour dénicher quelques trésors. Un travail de longue haleine en studio qui s’est étalé sur un an entre 2012 et 2013, débouchant sur un mille-feuille sonore encore une fois très denses, de l’évidence pop/folk de « The Village », aux nappes solaires de « Bloodlines », en passant par le labyrinthique « By this » (qui n’a rien à envier à Alt-J). Solaire, parfois exotique, minimaliste…. on va de surprise en surprise sur chacune de ces neuf compositions redoublant de fraîcheur et d’ingéniosité. Notre admiration pour le collectif s’en trouve accrue, car maintenir un tel niveau de cohérence sur un disque entier n’est pas une mince affaire. Pour paraphraser la vieille réclame TV, Tunng c’est aussi bon que le fruit.