En seulement deux années d’existence, le jeune label toulousain a réussi à s’imposer dans le panorama musical contemporain. Une production de qualité qui non seulement s’arrête au contenu, mais valorise également l’objet musique à travers le format cassette.
Or ici point de nostalgie vaine, juste un désir de recentrer les choses, les plaisirs et naturellement, l’attention. Romain et Simon de BLWBCK ont bien voulu répondre à quelques questions.
Récemment, vous étiez présents au Village Label durant la 8ème édition de la Villette Sonique, notamment avec un showcase de Noir CÅ“ur. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Romain : On est contents d’avoir été invité par le Festival à participer à leur Village Label ! C’était un super week-end, on a pu mettre des visages sur pas mal d’amis virtuels, et faire beaucoup de chouettes rencontres. C’est vraiment bien de pouvoir avoir un contact direct avec les gens, surtout pour un label comme le notre qui travaille exclusivement sur internet.
Simon : Très bon souvenir, content d’avoir pu être présent parmi ces autres labels, c’était l’occasion de voir nos amis comme dit Romain, mais aussi de dénicher des LP, de rencontrer hasardeusement d’autres personnes, et de pouvoir profiter de l’alléchante programmation de la Villette Sonique.
Romain : et boire du Casanis dans le froid 🙂
Comment le label a été fondé ? Quelle était votre motivation de départ ?
Romain : Le label s’est fondé autour de nos projets parallèles et ceux de nos amis. On avait plein de musiques de qualité autour de nous qui n’intéressaient personne car aujourd’hui les labels cherchent des groupes qui vendent déjà, les tourneurs, des groupes qui tournent… Ces projets finissaient en téléchargement gratuit dans l’indifférence générale et on s’est dit que ça ne pouvait pas durer.
On vient de la scène hardcore-punk où tu as l’habitude de te prendre en main, de notre point de vue, BLWBCK est venu assez naturellement.
Simon : Notre motivation de départ, et qui est toujours la seule et unique aujourd’hui, est de soutenir les artistes qui à nos yeux méritent plus de support et d’attention qu’ils n’en ont à l’heure actuelle. La plupart de ces artistes vient de notre cercle d’amis plus ou moins proche, des gens que l’on considère comme notre famille, jusqu’aux personnes que l’on a pu rencontrer chacun en tournée avec nos différents groupes, ou à travers des collaborations ou autres. Et on veut que les choses soient et restent sur une base humaine et « passionnée » avec nos artistes, pas de contrat ou question d’argent entre nous.
Romain: Le fait de travailler pour des amis en mettant de coté la partie « business » rend les choses super faciles et agréables.
Sur votre site, vous affirmez : « we are not looking for bands ». En dehors du fait que certains albums sont vos propres productions, de quelle manière se fait la sélection des artistes ?
Romain : Comme on disait, la plupart des groupes de notre catalogue sont des amis très proches ou des connaissances directes, quand ce ne sont pas nos propres projets. On commence à faire des exceptions avec des coups de coeur comme BOYFRNDZ ou STITCHED VISION que l’on est allé chercher … On trouve aussi très important de s’engager sur un travail à long terme et de suivre nos artistes sur plusieurs sorties, et au final on se retrouve à caler 2 à 4 sorties par mois. C’est énormément de travail et si on ne cherche pas de nouveaux groupes, c’est qu’on a déjà trop à faire. On va bientôt fêter nos trentième sortie cassette en moins de deux ans … je pense que c’est déjà pas mal !
Même si les albums du label existent également en version digitale, l’objet musical est, un peu comme partout quand il s’agit du domaine « expérimental », en quantité très limitée, et vite épuisé. Qu’est-ce que le médium cassette représente pour vous ?
Romain : Sans la cassette je n’aurai aucune excitation à travailler pour BLWBCK. En tant que collectionneur de vinyle, l’objet physique est très important pour moi. La cassette a plus ou moins toujours fait partie de nos vies, il y a un coté nostalgique c’est certain, mais c’est aussi une façon différente de consommer la musique, de l’écouter. Cela s’approche beaucoup du vinyle en ce sens.
Simon : Le médium cassette pour nous, c’est avant tout l’adolescence, un format maniable sur lequel on pouvait copier et se faire tourner des disques entre nous, et c’est vraiment un support auquel on est attaché pour ça. Et ça nous permet aussi et surtout de sortir autant de disques que l’on veut avec un budget minimum.
Romain : Le coté limité permet de lui donner une valeur affective encore plus forte et surtout de conserver un travail « à la main ».
Comment, concrètement, vous éditez et produisez le format cassette ?
Romain: On commande des cassettes vierges un peu partout où on en trouve et ensuite tout se passe chez nous. De la copie des cassettes, à la production des pochettes, pliages, impressions des labels etc. … c’est un travail d’artisans
Simon : DIY
De quelle manière sont conçus les artworks des cassettes ?
Romain : Je m’occupe de la plupart des visuels, parfois les artistes viennent avec des envies ou un visuel existant, mais j’en ai quand même réalisé un paquet. Au départ on imprimait les artworks à la maison, mais depuis peu on a voulu gagner en qualité et nous passons par un prestataire pour les impressions des jaquettes.
Suivez-vous l’activité des autres labels ? Lesquels ?
Romain: Je ne peux pas te lister tous les labels que je suis personnellement, il y en a trop. Mais en vrac : Hands In The Dark, In Paradisum, Bookmaker Records, Humanist Records, Bathetic, Mego, Magazine, RVNG, Beko, futuresequence, Sic Sic Tapes, Constalation tatsu, Shelter Press flet … mais j’en ai des tonnes vraiment je m’arrête là.
Simon : Dans d’autres styles, Matador, Rough Trade, 4AD, Kranky, Southern Lord, Denovali, Throatruiner, Music Fear Satan….
Quels sont les projets futurs de BLWBCK?
Après la sortie du POSTDROME en conclusion de notre cycle saisonnier « Dark European Spring » on ouvre le bal estival avec 3 sorties très rapprochées et à contre-pied de nos dernières sorties. Un nouveau single digital de NOIR CŒUR qui annonce la couleur de l’EP à venir à la rentrée, plus pop et fougueux. Un autre genre de pop, plus traditionnelle et poétique, avec l’album de JENS BOSTEEN, sélection de démos collectées ces trois dernières années. Et pour finir avant de partir sur les plages, l’EP de BOYFRNDZ qui vient d’Austin au Texas et qui joue une musique puissante, à forme multiple, quelque part entre math-rock, pop, noise et punk, produit par l’ex-clavier de Mars Volta. Une très grosse claque !
Le site de BLWBCK
Regarder « Caverne » de Karelle :
CAVERNE from KARELLE on Vimeo.
Regarder « Wind » de ZENИTH :
ZENИTH – Wind from ZENИTH on Vimeo.