Après une décennie quasi-confidentielle, l’ex leader des Commotions rebranche le courant sur un dixième album enthousiasmant.
C’était la fin des années 80, Lloyd Cole était cool. Ses chansons passaient dans les réclames à la télévision (Ah ! « No Blue Sky » en bande-son pour Phillips, le choc visuel des années Tapie, on dira !). L’ex leader des Commotions jouait à fond la carte du beau gosse méché, et ses plus sérieux rivaux échevelés se dénommaient Chris Isaak et Morrissey. Certes, les disques étaient parfois trop produits voire inégaux, mais on passait outre, car il y avait toujours quelques géniales pépites pop à se mettre sous la dent et des textes d’amour acerbes (« Don’t Look Back », « So you’d like to save the world », « Sentimental Fool »…).
Il faut avouer avoir négligé par la suite sa période folk/rock des années 2000, pourtant remarquablement sobre. Peut-être un peu trop tranquille à notre goût. Que voulez-vous, le public, cet être ingrat… Aussi, ce retour annoncé à l’électricité sur Standards, son dixième opus, devrait polariser nombre de ses anciens admirateurs qui l’avaient un peu délaissé, et dieu sait qu’il en a encore beaucoup. A cet égard, ce nouvel album, tout comme le précédent album, a été financé grâce à la mobilisation des fans sur le net. A 52 ans, l’ex briseur de cÅ“ur – il a passé l’âge pour cela ! – dont Camera Obscura voue un culte (leur superbe single « Hey Lloyd, are you ready to be Heartbroken » lui était dédié) transpire d’une vitalité qui fait réellement plaisir à entendre, et nous rappelle qu’il était aussi l’auteur de mélodies parfaites tel jadis l’impérissable « Lost Weekend ».
Il y a des signes qui ne trompent pas. Dès que retentissent les accords tranchant et déterminés de « California Earthquake », une reprise nerveuse de l’artiste folk américain John Hartford, l’assurance retrouvée du chanteur est instantanément contagieuse. On ne peut que constater que le songwriter a enfin de trouvé ce délicat équilibre qui lui manquait ces dernières années, entre folk lettré et verve rock mélodique.
Si il existe un son estampillé « Loyd Cole », ce serait sur des titres tels que « Blue Like Mars » et « Diminished Ex », qui exhument les arpèges de strat’ cristallins et les claviers amples qui ont fait le bonheur des chaînes hi-fi Phillips. Nous ne sommes donc pas étonnés d’apprendre que sont de la fête le batteur/producteur Fred Maher (Lou Reed) et le songwriter Matthew Sweet à la basse – tous deux jouaient notamment sur le premier éponyme (1990) et le remarquable Don’t Get Weird On Me Babe (1991) – sous oublier Blair Cowan, l’historique claviériste des Commotions.
Mais on sent surtout dans le phrasé du britannique la présence spirituelle de Dylan – le dernier album du Zimm‘, Tempest, lui aurait « donné comme un coup de pied au derrière » dixit le label. L’Anglais exilé au États-Unis se fend de quelques clins d’Å“il appuyés sur le nostalgique single « Period Piece ». D’ailleurs, si vous jetez un Å“il au vidéo clip, c’est son fils William qui incarne le jeune Lloyd Cole. Outre ses talents d’acteur, le jeune-homme, dont la ressemblance est assez troublante, suit dans la vrai vie les traces de son père. Papa a recruté ses talents de guitariste pour l’embarquer en tournée, ainsi que pour quelques séances d’enregistrement sur l’album. L’aventure continue donc en famille, avec en sus quelques standards qui ont tout pour le devenir.
En concert à Pairs, la Maroquinerie, le 6 octobre. Ainsi que le 8 au Silencio