Retour sur un des albums que pas mal d’oreilles averties se sont passées en boucle cet été.
Fin mai dernier, le combo Canadien Hooded Fang, mené par Dan Lee, sortait leur troisième album, Gravez sur le label outre atlantique Draps Records, avant une distribution sur le vieux continent début juillet. S’il n’a pas bénéficié d’une hype sans précédent, ce disque aura tout de même fait son trou auprès des critiques et des auditeurs qui ont pu y jeter une oreille, séduits par son énergie très garage-rock, son temps très court (10 titres pliées en 30 minutes). Mais aussi par une flopée de tubes plus impressionnants les uns que les autres. A commencer par le génialissime « Ode to subterrania » sur lequel le combo de Toronto mélange sans aucun complexe le krautrock à la pop avec quelques giclées punk du meilleur effet. Le style de morceau à écouter dehors sous peine de dévaster son studio tellement les sauts de puce partout. Même constat pour l’excellent « Wasteland », garage pop miné par une mélancolie sous-jacente les faisant passer pour des New Order pop Lo-Fi. Idem pour le morceau qui donne son nom à l’album et son énergie brute de décoffrage. Ou bien dans un style un peu plus sage, « Never minding ».
Pour autant, Gravez n’est pas exempt de défauts : tel ce « Trasher » plutôt faiblard essayant en vain d’adapter les refrains taille XXL de U2 à la Lo-Fi, les intros et outros « Dry range » faisant également office de remplissage. Qu’à cela ne tienne, Dan Lee et son combo sont suffisamment talentueux pour équilibrer les réussites, nombreuses donc, avec les « ratages » et parvenir à un ensemble plutôt harmonieux grâce à une production très sixties/garage du meilleur effet.
En définitive, si Gravez ne révolutionne rien – et là n’est pas son ambition – il a en revanche un pouvoir euphorisant que peu de disques peuvent se targuer d’avoir actuellement. Pendant trente minutes, il vous permet d’avoir la banane sans avoir à consommer d’acides, de dépenser vos calories amassées lors d’apéros un peu trop répétés, d’être ivre sans avoir à consommer d’alcool et enfin grâce à la fonction répétition de votre lecteur cd, vous pourrez le passer des heures durant sans vous apercevoir qu’il y a une fin à ce disque. Bref, il s’agit là d’une galette parfaite pour passer l’été. Et plus si affinités.