Neuf mois après la parution de son splendide second album, One Breath, l’Anglaise n’a toujours pas le temps de souffler et sort un mini-album de reprises.
Neuf mois après la parution de son splendide second album, One Breath, l’Anglaise n’a toujours pas le temps de souffler et sort un mini-album de reprises. On la sait familière de l’exercice, elle qui nous a déjà gratifié dès ses débuts de relectures d’Edith Piaf (le tournoyant « Jezebel », son tout premier simple) ou encore de Leonard Cohen sur YouTube. Ce mini-album constitué de cinq reprises n’est donc pas vraiment une surprise. Son contenu, par contre, en réserve quelques-unes plutôt bonnes. Le choix de la sélection est habile, finement équilibré+ entre institutions (David Bowie, Suicide), nouveaux talents (Connan Mokassin, FKA Twigs) et un duo avec David Byrne. Même lorsque Anna Calvi choisi de reprendre un monument comme le Thin White Duke, on la remercie de ne pas céder à la facilité en optant pour « Lady Grinning Soul », pas le morceau le plus connu d’Aladdin Sane, dans une version piano/voix tout en grâce et retenue. Toujours émancipée au piano, la belle signe un duo hanté avec le leader des Talking Heads sur « Strange Weather », sheakespearien en diable, et pourtant emprunté à la française Keren Ann. Les prises de risque ne sont toutefois pas toutes probantes : il est vrai que la prodigieuse guitariste ne choisit guère la facilité en jetant son dévolu sur un morceau du songwriter néo-zélandais Connan Mockasin, qui pour le coup perd ici un peu de son étrangeté – son seul intérêt initial à vrai dire- , certainement la reprise la moins convaincante. Reconnaissable d’emblée par son thème de basse hypnotique, celle de « Ghost Rider » des pionniers electro-punk Suicide convainc mieux, enregistrée avec Matt Johnson, batteur de Jeff Buckley. Mais s’il ne devait rester qu’un seul morceau, se serait sans nul doute cette obsédante version de « Papi Pacify » de la révélation londonienne r’n’b FKA Twigs. La voix y est plus suave et envoûtante que jamais, emportée par les virevoltants arrangements de corde de Nico Muhly (Philip Glass, Grizzly Bear). Cette appropriation devrait devenir un classique à part entière de son répertoire. Artistiquement, la barre, déjà très haute, est maintenue.
Anna Calvi en concert :
26.07, Malestroit – Festival Au Pont du Rock
15.08, St Malo – Festival La Route du Rock