Troisième effort solo de Laetitia Sadier, Something Shines ne s’écarte pas de la voie déjà tracée de longue date par son auteur et revisite quelques thèmes chers à son coeur, avec toujours la même brillance.
Difficile, lorsque l’on écoute un album de Laetitia Sadier de s’empêcher d’ignorer totalement son ancien (et ô combien influent) groupe, Stereolab. Loin de nous l’idée de trouver cela fâcheux, mais c’est un constat évident et Sadier elle-même, il faut bien le dire, ne fait rien pour remédier à la chose. Une oreille, même distraite qui s’attarderait quelques instants sur ce disque, décèlerait rapidement les influences sixties évidentes qui lorgnent souvent vers des ambiances lounge, les soubresauts krautrock agrémentés de blips sonores et des textes politisés à tendance marxistes/ultra-gauche (des thèmes devenus récurrents depuis McCarthy). Soit tout ce qui faisait le sel du groupe franco-britannique et qui se retrouve une nouvelle fois distillé sur ce nouvel album.
Néanmoins, il serait mal venu de ne s’en tenir uniquement là avec l’écriture de la dame. Sur ce disque, la pop mid-tempo travaillée aux cuivres de « Then I Will Love You Again » comme le luxuriant « Quantum Soup » qui ouvre l’album, marquent tous deux très facilement des points. Tout comme le très soul 70’s « Release From The Centre of Your Heart », lui aussi enrichi de trompettes qui donnent de l’éclat à ce titre.
À d’autres moments comme sur « The Scene Of The Lie », la française renoue également sans détours avec les ambiances psychés et les thèmes socio-politiques propres à Stereolab en proposant au trois quart du titre une lecture d’un texte de Guy Debord datant de 1988, et intitulé Commentaires sur la société du spectacle, où il nous livre ici sa propre autocritique sur son ouvrage phare La société du spectacle. « Le spectacle organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient et, tout de suite après, l’oubli de ce qui a pu quand même être connu », égrène la chanteuse sur des nappes modulaires.
Comme pour Silencio, son précédent effort sorti en 2012, Laetitia Sadier s’attelle à peaufiner ces mêmes ambiances élégantes aux accents krautrock – easy-listening que vient caresser cette voix aisément reconnaissable, et qui au contraire de beaucoup de groupes hexagonaux, ne cherche pas à maquiller ses origines. En groupe autrefois, comme en solitaire aujourd’hui, la musique de Laetitia Sadier continue de briller discrètement sur la pop contemporaine, toujours avec vivacité.
Laetitia Sadier sera en showcase au disquaire Walrus à Paris, le samedi 27 septembre à 18h30.