Après une période de crise personnelle, l’ex insitution New Yorkaise du rock alternatif, désormais basée à Londres, revient en solo sous son meilleur jour.
En 2011, alors que Sonic Youth était dans la tourmente, son leader Thurston Moore sortait son premier album solo Demolished Thoughts. Un album ambitieux dans lequel le New Yorkais, en roue libre, rangeait les guitares électriques et sortait du placard les acoustiques et autres instruments dépourvus du réseau EDF. Un album ennuyeux à mourir selon certains, prise de risque osée et superbe pour d’autres.
Trois ans plus tard, après un divorce, une dissolution et un exil en Angleterre (qui lui a permis, semble-t-il, de remettre en ligne ses chakras afin de pouvoir choisir un backing band à la hauteur de son talent), le jeune cinquantenaire revient au premier plan avec l’excellent The Best Day. Afin de pouvoir contribuer à cette renaissance, deux éléments ont été décisifs : la constitution du Backing band (ont répondu présents le fidèle Shelley aux fûts, Debbie Googe à la basse et James Sedwards aux guitares.) et, élément primordial, la reprise de son abonnement EDF.
Pour fêter cet événement, Moore place d’entrée de jeu ses deux meilleurs morceaux : les sinueux et fascinants « Forevermore » et « Speak To The Wild ». Titres dans lesquels il retourne à ce qu’il sait faire le mieux jusque là : du Sonic Youth. Certes, du SY période Murray Street ou Sonic Nurse, bien fichu mais expurgé de toute tension, mais cela reste du SY de haute volée. A la différence près que, si on prévoit les montées, si les schémas sont toujours les mêmes, si le terrain est ultra-balisé, Moore semble plus apaisé voire un brin mélancolique, donnant une tonalité presque poignante aux morceaux. Une fois ces bases posées – et l’auditeur rassuré -, Moore peut se permettre de faire ce que bon lui semble : des morceaux acoustiques flirtant avec la pop ou bien dans le registre inverse, expérimental et tendu. Côté électrique, on peut y entendre du Stones revisité, un petit plaisir solitaire régressif, un instrumental conjuguant beauté et classicisme (au sens SY du terme), avec The Best Day. Soit toute l’étendue de son talent démontré sur huit morceaux, sans trop se forcer.
En fait, voilà un bel album de Slacker, dans le bon sens du terme. Un disque dans lequel Moore prend du plaisir, chante mieux que sur ses précédents efforts, délaisse les prétentions arty et intello de sa musique pour un jeu plus instinctif et finalement beaucoup plus immédiat et agréable. En somme, un retour vers la simplicité inespéré qui, il faut le savoir, n’apportera rien de nouveau musicalement parlant. La seule véritable révolution ici, et ce n’est pas rien, c’est qu’il semble enfin décidé à lâcher prise, à se faire plaisir, bref, à se montrer sous son meilleur jour. Et comme disait l’autre il y a quelques décennies: c’est peut-être un détail pour nous mais pour lui ça veut dire beaucoup.