La police du rêve livre un disque à effet hypnotique : soumission garantie.
Si The Men avaient laissé tomber la période furieuse et criarde des débuts, les derniers albums adoucis avaient également perdu en intérêt. Avec Dream Police, Marc Perro et Nick Chiericozzi prennent congé du groupe new yorkais pour sortir, toujours sur l’excellent label Sacred Bones, un disque sacrément addictif. Ce n’est pas pour rien que l’album s’appelle Hypnotized d’ailleurs : ouverture sur guitares à effets rock’n’roll garanti, rythme en transe et claviers acides. Et de songer dès « Mama’s Dead » à un Beak au chant écorché, basse martiale et note continue, une certaine rage contenue en sus. Un disque sous tension, près de l’os, qui retrouvera un second souffle dans de lents morceaux amers tel « Iris », d’arpèges bancals en solo distant, distancé, distendu. Arrive alors le titre fédérateur du disque, « Pouring Rain », une longue complainte new-wave nouvelle formule de 6 minutes 33 qui s’étire jusqu’à nous faire ressentir cette fameuse humidité ambiante et pourrie, toujours habité de ce désespoir retenu. Alors, d’un blues crasse et malsain (« John ») à un illisible « All We Are » presque gothique (Horrors, où êtes-vous ?), le cerveau se laisse encore promener, confus et malmené, jusqu’au deuxième titre à synthé et à rallonge qui lorgne vers un kraut instrumental sans vergogne, un « Let It Be » sans Beatles , bien évidemment, mais à l’envoûtante ritournelle, un générique de fin qui n’en finit plus. Une fin pourtant déclinée dans un duo folk avec cloches, complètement à l’antipode du reste de l’album, si ce n’est ce malheur entendu qui transpire de partout, cette absence de sérénité, cette noirceur lancinante.
Hypnotisant.