De la scène contemporaine suédoise, nous connaissions déjà ses folksingers exotiques et ses sensations electro pop. En revanche, les groupes dévoués à la pop noble se font plus rares…


De la scène contemporaine suédoise, nous connaissions déjà , ses folksingers exotiques (Jens Lekman, The Tallest Man On Earth, José Gonzales…) et ses sensations electro pop (The Knife, Lykke Li, Miike Snow…). En revanche, les groupes dévoués à la pop noble se font plus rares, exception faite de la colonie de vacances I’m From Barcelona (en oubliant bien sûr Abba). Simian Ghost est donc le premier du genre à s’aventurer dans nos contrées hexagonales. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que The Veil, leur troisième album, est un beau séisme scandinave à l’échelle de Pet Sounds. Simian Ghost est au départ le projet solo du multi instrumentiste Sebastian Arnström, mué en trio depuis le second opus, Youth (2012), suite à l’enrôlement du guitariste Matthias Zachrisson et du batteur Erik Klinga. Ces trois esthètes s’entendent à merveille pour échafauder des mélopées contemplatives se mesurant aux canons mélodiques élevés par Paddy McAloon (Prefab Sprout) et Brian Wilson (Beach Boys). Sous ses aspects tranquilles, The Veil miroite des arrangements d’une grande sophistication, où le souci porté aux harmonies vocales lumineuses se fond à des nappes atmosphériques nuancées, denses et oniriques. La majesté de titres tels que « A Million Shining Colours » et « Strange Light », appelle ainsi les chimères désertées par Mercury Rev jadis. Plus loin, « A Million Chords », tutoie la grâce immaculée d’un Sigur Ros. Et même lorsque s’immisce un son de guitare distordu sur « Summer Triptych » et « I Will Speak Until I’m Done », ces fantômes simiens sont incapables de la moindre lourdeur et conserve leur caractère en apesanteur. Autre preuve de leurs goûts impeccables, « Echoes of Songs », est un hommage à feu Trish Keenan de Broadcast, chanté en duo avec la ravissante Maja Agnevik. Pour conclure, on ne saurait trop conseiller de se procurer l’édition hexagonale de The Veil, disponible dans un format économique dissuasif (six euros !) et moins épique que la version suédoise (longue de plus d’une heure!). Cette dernière est aussi proposée par le label Discograph dans une version CD Deluxe, réunissant également les deux premiers albums, qui bien que recommandables, n’atteignent par le degré d’enchantement et de perfection de ce somptueux The Veil.