Dans son deuxième album plein de maîtrise, Django Django révèle sa folie douce après plusieurs écoutes. Dans un monde parfait, « First Light » et « Reflections » seraient les tubes d’un été où amoureux de la pop et fanatiques du dancefloor seraient réconciliés.
Voilà un groupe qui aime prendre son temps, et à notre époque cela semble être autant une noble vertu qu’un pesant sacerdoce. Le quatuor britannique, annoncé comme the next big thing après leur premier single « Storm/Love’s Dart » en 2009, avait frustré son auditoire, l’obligeant à patienter trois ans pour savourer son premier album. Il aura encore fallu attendre trois années supplémentaires pour écouter son successeur.
Comme pour s’assurer que ses auditeurs n’avaient pas foutu le camp entre-temps, le groupe semble avoir voulu s’attacher à définir une signature sonore qui lui est propre, en reprenant les bases et les influences qui avaient fait leur succès. En résulte un disque très (trop ?) maîtrisé qui abandonne la fraîcheur et l’insouciance des débuts pour verser, durant près d’une heure, dans un exercice de style parfois assez démonstratif. Mais passé une première écoute où cette impression domine, l’album révèle progressivement son charme et sa grande richesse sonore.
On retrouve sur « Born Under Saturn » la filiation avec Devo, le groupe d’Akron avec qui Django Django partage la même esthétique rétro-futuriste (voir la récente photo de promotion où les 4 garçons au physique d’ingénieurs IBM des années 90 sont alignés en peignoir, regard vers l’horizon). Et plus qu’un air de famille avec The Beta Band (dont on croirait entendre le fantôme sur « Beginning To Fade »), puisque le producteur et batteur David McLean est le petit frère du claviériste des écossais trop vite séparés.
Le chant de Vincent Neff est toujours aussi posé, et sa voix de chérubin, secondée par des chÅ“urs angéliques, donne aux morceaux des airs de cantiques pop. La particularité des mélodies vocales, qui s’allongent dans de douces harmonies, distille son rythme à l’ensemble du disque, tandis que les multiples boucles de synthés dessinent une pop cosmique toute en strates dynamiques.
L’album regorge tant de trouvailles sonores qu’il serait vain de chercher à égrener ici. Citons tout de même les riffs surf-rock de « Shake and Tremble », « Found You » et son clavier sixties, les sirènes de « Pause Repeat », ou les percussions tribales de « Vibrations ». « First Light » est un single évident avec sa basse saccadée, son beat martial et ses nappes de synthés qui rappellent Austra, autre rénovatrice intelligente de la Pop 80’s. « Reflections », titre qui sort aussi du lot à la première écoute, démarre sur une rythmique de dancefloor avant qu’un saxophone ne lui donne un ton jazzy.
Globalement moins aventureuse mais plus aboutie, la pop hybride de Django Django continue de ravir l’esprit et de mettre le corps en mouvement. Idéal pour l’été qui commence.