Nouvelle coqueluche pop des médias indépendants, le californien Mikal Cronin et membre de la garde rapproché de Ty Segall, vient de sortir un brillant troisième opus en solo. Rencontre au cours de sa tournée française avec ce jeune homme investi.
Pinkushion : Vous semblez réellement affirmer votre style sur votre nouvel album MCIII, avec notamment des arrangements de cordes ou davantage de réverb. Une façon de vous éloigner du garage et de la fuzz qui ont envahit San Francisco ?
Mikal Cronin : Je n’ai jamais activement essayé de m’éloigner de ce style… j’aime beaucoup différents styles. Mais pour certaines raisons, mes goûts musicaux ont au fil des ans dérivé du pure garage rock. Aussi, ce “label Garage Rock de San Francisco” a toujours été un peu problématique car il y a tellement de styles musicaux qui se développent là-bas… au sein des groupes qui sont associés à cette étiquette. Mais oui, je suis bien plus orienté dans la pop que beaucoup de mes amis.
Diriez vous que MCIII est d’une certaine façon, musicalement « bigger & louder » que vos précédentes publications ?
Je pense que oui. Récemment, je me suis beaucoup plus intéressé à travailler les arrangements, avec en particulier le fait d’incorporer des instruments que, typiquement, on n’entend pas dans la plupart des albums de rock. Cela rend la chose beaucoup plus intéressante pour moi.
Votre musique varie entre compositions explosives et très arrangés, et d’autres plus intimistes. Pensez-vous que vos chansons s’adaptent mieux à de grosses scènes comme le Primavera en Espagne, que vous venez de faire, ou à de plus petites salles comme celles que vous allez faire en France?
Je me suis toujours mieux sentis dans de petites salles, car j’ai passé le plus clair de mon temps en tant que musicien dans de petits clubs. Mais je n’ai pas de problème avec la foule et les gros festivals quand on y joue. Je ne deviens pas particulièrement nerveux avant de monter sur scène. Mais au niveau du son, très clairement, je préfère les petites scènes.
Entre vos propres projets, les tournées, et les coups de mains que vous donnez fréquement à Ty Segall, où trouvez vous le temps de composer ? Sur la route?
D’habitude, non. Je ne peux pas bien écrire en tournée car je n’ai pas suffisamment de temps et d’intimité. J’ai vraiment besoin d’être seul dans une pièce avec une guitare ou autre chose. Mais oui, avec cet album j’étais très occupé sur la route, donc j’ai dù travailler une grande partie des paroles et des arrangements dans le van. Ce n’est pas l’idéal, mais ça peut marcher. On passe énormement de temps juste assis dans un van… donc avec des écouteurs et un calepin, ça peut le faire!
La deuxième partie de MCIII est une suite de titres qui ne semblent pas liés musicalement. Pourtant elles semblent toutes avoir en commun d’être assez personnelles. Qu’est ce que ça fait de se dévoiler ainsi une fois sur scène, devant le publique?
C’est effectivement très personnel ! Beaucoup plus que la plupart de mes autres compositions, car c’est vraiment inspiré d’une période de ma vie. Concernant le fait de le chanter sur scène… cela peut effectivement devenir un peu étrange. Mais d’un autre côté, je peux aussi facilement faire le vide dans ma tête, et là tout semble arriver naturellement.. à ce moment là, je peux juste me concentrer sur le fait de jouer et de chanter le mieux possible, sans penser aux paroles que je chante. La partie la plus difficile est sans conteste l’écriture des chansons, me mettre dans l’état d’esprit de ces paroles, et faire attention de ne pas m’exposer trop directement émotionnellement.
Le sentez vous, le fait que votre audience grossisse ?
Au cours de ces dernières années, mon public à grandit, lentement mais sûrement. Et Je pense que « lentement » est la meilleure des façons au niveau psychologique. Il semble que quand les groupes accèdent à la célébrité rapidemment, ils ont les plus grandes chances d’exploser, interieurement. Mais je suis forcément très content que beaucoup de personnes viennent à mes concerts, et les apprécient. Et ce n’est pas non plus une foule écrasante qui vient à mes concerts. C’est un feu qui grandit lentement, et c’est très bien, c’est la meilleur des façons.
Mikal Cronin, MCIII (Merge Records/Differ-ant)