Nouvelle offrande après sept années de silence, ce septième long format des pionniers post-rockers est né d’une commande de la ville de Chicago, leur fief.



Nouvelle offrande après sept années de silence, ce septième long format des pionniers post-rockers est né d’une commande de la ville de Chicago, leur fief. A l’origine, le quintet instrumental fondé par les multi-instrumentistes John Herndon, Doug Mc Combs et John McEntire, a été invité en 2010 à créer une suite de musique mettant à l’honneur la richesse de la scène jazz de leur ville, le tout donnant lieu à un projet collaboratif centré sur les musiques improvisées. De ces cinq thèmes composés spécifiquement, puis interprétés pour une poignée de concerts avec des musiciens externes, le quintet de Lillinois en a exploité un tiers pour accoucher de ce nouvel album. Il va sans dire que la matière conservée (uniquement celle du groupe) a été réarrangée, rallongée, densifiée voire complexifiée. Comme d’habitude, on ne rentre pas à la légère dans un disque de Tortoise. The Catastrophist nécessite d’abord une assiduité d’écoute pour saisir pleinement toutes ses riches subtilités et nuances. Sous son aspect faussement linéaire voire hyper fluide, le quintet bouillonne d’idées audacieuses et d’expérimentations. The Catastrophist est un conséquent noeud où se mêle et se démêle des notes de musique minimaliste, kraut rock, rock abstrait, free-jazz, ou encore electronica… Et puis on cède progressivement au charme des passionnantes disgressions atonales de “Gesceap”, on se surprend à remuer sur le “funk kraut锝 de “Hot Coffee”, ou encore de tenter de résoudre une épineuse équation math rock avec « Shake Hands With Danger », dont l’épaisseur des structures harmoniques et rythmiques reléguent le dernier Battles en division amateur. Signalons également deux titres chantés, le premier avec Todd Rittmann (Dead Rider, U.S. Maple) qui participe à un moite “Rock On”, une reprise de David Essex. Et surtout, la légendaire « batteuse » de Yo La Tengo, Georgia Hubley qui pose sa voix faussement en dilettante sur le superbe et très réverbéré “Yonder Blue”, petit bijou d’avant-pop. Mais ce qui marque encore une fois les esprits, c’est la cohésion d’ensemble tout du long de ces onze pistes. A l’instar de son agenda de plus en plus distendu (le précédent opus datait de 2009), la musique de Tortoise n’est plus soumise à aucune pression et vit par elle-même, évolue dans son propre microcosme créatif, unique. Et ce n’est pas un hasard si “At Odds With Logic”, le morceau le plus pesant – par l’usage de la saturation des guitares – situé à la toute fin du disque, ne gâche en rien cette impression de bulle d’air, de liberté absolue.



Tortoise en concert à Paris le 31 mars, à la Rodia (Besançon) le 2 juin, au festival This Is Not a Love Song (Nîmes) le 5 juin, au Metronum (Toulouse) le 6 juin, aux Trinitaires (Metz) le 8 juin et au Grand Mix (Tourcoing) le 9 juin.