Rendons enfin visite aux Villagers ainsi que justice au groupe irlandais jusque là ignoré en ces pages.
Profitons de ce début de nouvelle année pour réparer une erreur si flagrante et injuste qu’elle était jusqu’ici passée malheureusement inaperçue : jamais en ces pages n’avons nous parlé de Villagers.
Pourtant, s’il est un artiste à suivre depuis ses débuts prometteurs de 2010, c’est bien le petit farfadet du nom de Conor O’Brien, irlandais de son état et talentueux auteur-compositeur au demeurant, et décideur en chef du collectif Villagers.
Déjà sur Becoming A Jackal sentait-on poindre cette énergie narrative incontrôlable, bercée d’une pop acoustique à fleur de peau, et surtout dirigée de main de maître par le capitaine du navire et son incroyable capacité vocale.
Car en plus de raconter des histoires du quotidien et de l’intime, le groupe sûr de ses implacables mélodies et transporté vers les sommets par la voix de son leader nous offrait alors via Awayland un pays d’ailleurs, plus pop et produit, mais tout aussi jouissif.
Enfin, l’année passée, O’Brien prenait presque seul la responsabilité de Darling Artihmetic, un face-à-face fascinant entre le chanteur et l’océan, une intimiste introspection qui en fera un des meilleurs albums de l’année passée. Tout simplement.
Profitons donc de la sortie de Where Have You Been All My Life?, ce disque live en studio, enregistré pour une session radio en deux jours, pour louer le talent du combo et mettre en avant sa capacité à constamment se renouveler.
Si les chansons dudit disque ne sont pas à proprement parler des nouveautés, choisies dans le merveilleux catalogue des trois albums sus-cités (hormis la reprise de Jimmy Webb, « Wichita Lineman » et « Memoir » offert en sont temps à Charlotte Gainsbourg), leur réarrangement systématique et leur réinterprétation pleine de vie (le live), de présence et de sincérité, donnent un nouvel éclairage sur la qualité intrinsèque des compositions.
Une discrète batterie, un clavier, un cuivre et quelques deuxièmes voix envoûtantes confèrent à chaque interprétation une certaine idée de la quiétude, un temps suspendu… ou parfois un coup de fouet ou une ampleur jusqu’alors tapie dans l’ombre des enregistrements originaux.
Cet album est donc une des meilleures façon d’aborder la beauté de l’univers de Villagers, une sorte de compilation bonus et une nouvelle chance à saisir.
Ces interprétations libèrent une énergie résolument positive, construisent un album d’une cohérence sereine et d’une homogénéité flamboyante et imposent dorénavant le groupe et son leader, villageois d’un village global, comme les représentants principaux d’une pop folk intimiste et pourtant universelle.