Le second album solo de la violoniste d’Arcade Fire s’échappe des improvisations sépulcrales pour osciller entre neo classique et harmonies incandescentes.



Sur son premier album solo, Hero Brother paru en 2013 sur Constellation Records, la violoniste canadienne d’Arcade Fire Sarah Neufeld s’était exilée à Berlin pour enregistrer sous l’aile du pianiste Nils Frahm à la production. Loin du rock flamboyant de son groupe emblématique, la musicienne et compositrice y laissait plutôt exprimer sa sensibilité pour les textures minimalistes et spectrales, en résonance intime avec les travaux de ses modèles Steve Reich, Bela Bartok et Arthur Russell. Des influences guère étonnantes si l’on suit son parcours au sein de l’ensemble instrumental The Bell Orchestre, ou l’année dernière sa collaboration avec le saxophoniste Colin Stetson sur l’album Never Were the Way She Was. Plus étoffé, moins expérimentale, son second album The Ridge s’échappe des improvisations sépulcrales du premier pour osciller entre neo classique et mélodies incandescentes. Outre son instrument de prédilection, la talentueuse canadienne, new yorkaise d’adoption (elle est également prof de yoga) y explore aussi de nouvelles pistes, notamment les harmonies vocales sur « They All Came Down » et « Chase The Bright and Burning », qui n’ont pas à rougir des travaux experts de Julianna Barwick, voire de Julia Holter. The Ridge bénéficie aussi de l’apport de collaborateurs dont il est impossible ici de taire le nom : son camarade Colin Stetson s’illustre sur trois titres au Lyricon, un étrange synthétiseur qui se contrôle avec la bouche (sur le superbe aurore final « Where The Light Comes in ») ; le génial laborantin ambient Tim Hecker (dont on reconnaît l’incroyable patte sonique sur « The Glow ») et Jeremy Garra, batteur d’Arcade Fire. A ce titre, le galvanisant instrumental « The Ridge » nous rappelle d’ailleurs que le tiers des membres de Funeral joue sur ce morceau. Sur « A Long Awaited Scar », qui développe certains thèmes répétitifs du premier album, Jeremy Garra donne encore une salutaire impulsion à l’ensemble. Outrepassant le carcan rock, ces huit compositions offrent un voyage mouvementé, mais régulièrement fascinant.


Sarah Neufeld sera en concert avec Colin Stetson le 3 juillet 2016 à la Philharmonie de Paris, dans le cadre du festival Days Off.