Les lutins de Boston ont-il encore quelques réserves sous leur bonnet pointu en 2016 ?  


 

Avec Indie Cindy  paru  en 2014 – cinquième album qu’on n’attendait plus 23 ans après Trompe le Monde –  le groupe culte américain montrait encore de beaux restes, en dépit du départ traumatisant de la bassiste Kim Deal avant l’enregistrement du disque. Deux ans plus tard, Head Carrier officialise en quelque sorte l’arrivée de sa remplaçante américano-argentine, Paz Lenchantin, après un jeu de chaise musicale entamé avec Simon Archer puis Kim Shattuck. A la surprise générale, Paz Lenchantin collabore même pleinement à certaines compositions et ne se contente pas seulement d’y coller sa ligne de basse et quelques choeurs. Notamment sur « All I Think About Now », qu’elle chante entièrement et dédié à la leader des Breeders.  Une nouvelle dynamique de groupe semble bel et bien installée, renforcée par l’arrivée du jeune producteur britannique Tom Dagelty, spécialiste du gros son  (Killing Joke, Therapy?…). Voilà pour le renouveau, car musicalement, les Pixies n’offrent pour la première fois aucune véritable innovation stylistique sur ces douze titres, à défaut d’aligner une solide collection de morceaux accrocheurs, courts et ultra concis. En regard de la solidité de l’ouvrage, on peut raisonnablement s’en contenter… Si Indie Cindy privilégiait en effet des progressions d’accords alambiquées dans la droite lignée de Bossa Nova et Trompe Le Monde, le cru 2016 renoue quant à lui avec l’énergie binaire de Surfer Rosa et Doolittle : la balance penche de fait vers les morceaux punk rock, à l’inverse de son prédécesseur plus mélodieux. Sur le furieusement hurlé “Baal’s Back”, Black Francis se saigne même comme il ne l’avait pas fait depuis “Planet of Sound”. Et le quatuor d’aligner quelques chouettes charges distordues comme “Talent”, “Tenement Song” et « Um Chagga Lagga ». Côté pop dissonante et autres déviance country/surf, il y a aussi matière avec les entraînants (quoique sans surprise) “Head Carrier”, “Plaster of Paris”, “Oona” et “All the Saints”. La guitare de Joey Santiago est un peu en retrait, alors qu’il nous avait gratifié sur Indy Cindie d’un véritable feu d’artifice d’effets « pédalistique ». Là, manifestement, la consigne était de veiller à l’unité des morceaux. Un peu de folie n’aurait pas été de trop pourtant sur “Might As Well Be Gone”, qui louche dangereusement sur « Velouria », ou sur le conciliant “Classic Masher” avec son refrain facile qui donne l’impression d’avoir déjà été entendu mille fois chez d’autres ersatz. Reconnaissons toutefois aux Pixies la pérennité du genre, et qu’ils le font toujours mieux que quiconque.

www.pixiesmusic.com/

www.facebook.com/pixiesofficial

Pixies Music/Pias – 2016
Producteur : Tom Dalgety

Tracklisting :

  1. « Head Carrier »
  2. « Classic Masher »
  3. « Baal’s Back »
  4. « Might As Well Be Gone »
  5. « Oona »
  6. « Talent »
  7. « Tenement Song »
  8. « Bel Esprit »
  9. « All I Think About Now »
  10. « Um Chagga Lagga »
  11. « Plaster Of Paris »
    12. « All The Saints »