Les new yorkais revisitent sur scène leur power pop augmenté d’un orchestre. Mais avec grandeur et délicatesse.



Exercice délicat pour un groupe de rock que celui de l’album live symphonique. Très peu s’y risquent et pour cause : combien de disques boursouflés enregistrés par des noms franchement pas recommandables (Scorpions, Sting, ce genre…) sont tombés aux oubliettes ? Certes, il y a tout de même quelques rares exceptions : le majestueux Live: In Concert with the Edmonton Symphony Orchestra, de Procol Harum sorti en 1972, reste à ce jour insurpassé. Et puis quoi d’autres ? Das Capital de l’autoproclamé génie Luke Haines ? C’est très peu, en effet. Les attachants Nada Surf s’y essaient pourtant et s’en tirent avec les honneurs.  Comment ? En se gardant bien de verser dans la surenchère et en confiant les arrangements orchestraux de leurs chansons au germanique Max Knoth, qui a collaboré avec Lou Reed, Ryuichi Sakamoto ou encore Danny Helfman.

Peaceful Ghosts, présente donc le témoignage d’un concert exceptionnel donné en juin 2016 à Potsdam en Allemagne, où le quatuor américain emmené par Matthew Caws se voit accompagné par plus de quarante musiciens issus du prestigieux Deutsches Filmorchester Babelsberg. Hormis l’impasse sur leur premier album et un autre de reprises, tous leurs opus studios sont représentés par une chanson voire plus. Avec une préférence logique pour le dernier, l’excellent You Know Who You Are paru début 2016, qui s’en tire avec quatre morceaux sur un total de treize. Les titres de ce dernier, plus dépouillées que d’accoutumée s’adaptent d’ailleurs remarquablement à ce mariage classique, offrant une perspective chatoyante inédite – les perles pop romantiques « Rushing » et « Out Of the Dark ».

Au risque de se répéter, le danger ici consiste surtout à ne pas virer pompeux. Car la tentation est grande, lorsque tant de cordes et de cuivres vous entourent, d’en rajouter à profusion, sans pour autant être justifié. Pas la moindre fausse note n’est pourtant à relever tout au long de ses treize titres, grâce notamment à une set-list qui se veut pertinente, faisant sciemment l’impasse sur certains titres trop attendus par le public (« Always Love », « Popular ») pour d’autres moins connus mais dont l’ornementation de cordes et de cuivres leur confèrent une réelle valeur ajoutée. Comme par exemple sur « Beautiful Beat », qui se fend d’une merveilleuse envolée finale digne de Shack, ou encore “The Fox” revisité plus baroque et ténébreux que sa version originale, ainsi qu’un grandiose crescendo sur « When I Was Young » (de The Stars are indifferent).

C’est aussi un véritable plaisir d’entendre des classiques comme « Blonde on Blonde » , « Inside of Love » (superbe de grâce) et « 80 Windows », merveille tirée de The Proximity Effect, retrouver une seconde jeunesse. Que dire d’autre si ce n’est que le son est splendide, impeccablement interprété, et qu’on passe un moment de pure bonheur.  Tout simplement. Encore et toujours de l’amour : On n’en attendait pas moins de ces attachants artisans de la pop song à guitare.

 

City Slang/ Pias – 2016

www.nadasurf.com/

Tracklist:

  1. Comes A Time
  2. Believe You’re Mine
  3. Beautiful Beat
  4. Blizzard of ’77
  5. Rushing
  6. The Fox
  7. Blonde On Blonde
  8. 80 Windows
  9. Inside Of Love
  10. Out Of The Dark
  11. When I Was Young
  12. Animal
    13. Are You Lightning?