Après quatre ans de gestation, le second album du Hongrois Gábor Lázár, nouvelle étoile montante de la musique expérimental, sort sur le label français Shelter Press, collection de « fragments de techno dégénérée ».
Quelle « crise de la représentation », pourra-t-on se demander devant un tel titre d’album ? Si elle est celle de la musique au sens traditionnel du terme, il est bien clair que le musicien hongrois est bien placé pour l’affirmer, sachant que tout l’effort fourni ici va dans le sens d’une déconstruction rythmique de la musique électronique, la techno en l’occurrence. Tous les fragments sont ici d’une même texture sonore ; la différence qui s’y joue se place dans la modification répétée des hauteurs, du tempo, ce qui donne cet aspect organique et fluide à la matière sonore. La crise ici est peut-être celle d’une écoute traditionnelle dans la durée, où cette répétition à géométrie variable devient l’objet principal de la recherche. Lazar semble avoir désubstantialisé la musique dansante et cadencée, ne laissant là que son ossature sans relief ; se déplace ainsi la profondeur de l’écoute, passant de la dimension immersive à celle de sa mesure seule, qu’il décline ici à travers huit compositions qui sont, un peu comme chez un plasticien, au fond huit exercices formels plus que réussis.
Shelter Press – 2017
Tracklist :
A1. Crisis Of Representation #1
A2. Crisis Of Representation #2
A3. Crisis Of Representation #3
A4. Crisis Of Representation #4
B1. Crisis Of Representation #5
B2. Crisis Of Representation #6
B3. Crisis Of Representation #7
XX. Crisis Of Representation #8 (CD only)