H-Burns : Son jeu d’une nuit d’été.
Honte à nous de n’avoir pas su répondre au brillant appel du précédent album de H-Burns, Night Moves, qui avait hissé déjà haut les couleurs de son talent de songwriter en esquissant l’idée de mouvements furtifs et discrets, transcriptions des émotions nocturnes. Et si nous avions célébré à juste titre la réussite sonique d’Off The Map, nous aurions dû tout autant honorer son très beau successeur de lauriers mérités.
La musique de Renaud Brustlein tend dorénavant vers une pop mélancolique et des chansons comme Elliott Smith savait les faire. Mais le regretté chanteur américain gardait toujours une oreille vers une construction de plus en plus à l’anglaise, Beatles en tête, quand le drômois – presque américain d’adoption – ne renierait pas un amour certain pour Springsteen.
Parce que les rythmes entrainés nappés de synthé et le refrain de « Naked » ou « I Sail In Troubled Water » ne sont pas sans rappeler les meilleures chansons du boss. Pourtant, H-Burns privilégie les ambiances feutrées aux hymnes des grands stades.
Et ce que nous offre Kid We Own The Summer, c’est un instant de temps suspendu.
Où l’on aime à se retrouver, loin du fracas du quotidien et des tracas, cette part d’été qui ressemble à la vraie vie.
Car l’été nous appartient, petit !
Cette tranche de vie en suspens.
Ces instants hors du monde, hors de la folie des hommes, quand il ne reste plus rien que quelques rires d’enfants au loin, une bouteille de bon vin à partager entre amis. Ces chaudes soirées vespérales, alors que les jours raccourcissent, nous permettent de contempler un coucher de soleil pastel, quelques trainées de mauve sur un ciel gris bleu et de transcender notre condition en des instants de pur bonheur.
L’album de H-Burns est de cette couleur de mélancolie que l’on associe à ces moments que l’on souhaiterait éternels. « Linger On », dernier morceau du disque et ses arpèges grandaddyesques rappelleront une dernière fois la règle du jeu : profiter de cet instant et s’attarder à tout jamais.
Une pincée d’amour, deux touches de magie et soudain, que les chansons soient incontestablement tristes et toute en retenue ou bien même incessamment chaloupées, elles dégagent un spleen infini dans lequel l’on passerait volontiers le reste de sa vie.
Vietnam / Because Music – 2017
Tracklisting :
1. We Could Be Strangers
2. I Wasn’t Trying To Be Your Man
3. This Kind Of Fire
4. Kid We Own The Summer
5. Naked
6. White Tornado
7. Minor Days
8. I Sail In Troubled Water
9. Turn On The Party Lights
10. Linger On