A la croisée des Black Angels et de Nirvana, le garage-psyché ténébreux de ce quatuor parisien dispose de sérieux atouts.
C’est par un léger bourdonnement, un cliquetis inquiétant, et ce souffle glacial en fond que l’expérience débute. Plongeant l’auditeur dans les ténèbres et le préparant ainsi à la déflagration engendrée par une rythmique écrasante associée aux vociférations d’un de ces jeunes moines, « It’s Gone », premier vrai titre de cette album aussi réjouissant qu’obscur, incorpore une certaine sophistication à une énergie et un son pourtant bruts. Sans s’arrêter à un riff/ un refrain, nos jeunes héros du jour prolongent l’effort pour marquer des temps d’arrêt, innover, et au milieu de ces délires cacophoniques maîtrisés nous surprendre avec des références pour le moins éclectiques (aussi farfelu que cela puisse paraître, on pense à Radiohead sur le solo de fin de « It’s gone », ou sur l’interlude éThos Twisted Things »).
La pochette donne des indices : oui, on retrouve du grunge chez les Psychotic Monks, notamment sur « I Wanna Be Damned (Punk Song) », pleine de cette furie adolescente, et qui, de la rythmique au chant (les quatre membres prennent le micro à tour de rôle), rappelle forcement les débuts de Nirvana. Puissant, furieux, noir, et punk, oui, mais arrangé habilement (sur le solo, la guitare qui hurle au milieu du fracas est grandiose!), de sortes que ces quatre jeunes parisiens sortent sans complexes du garage tout en en gardant son énergie primaire (c’est principalement sur scène que leur réputation s’est faite), comme sur « The Bad And The City Solution », équipé d’un riff marteau-pilon, dont on imagine bien les dégâts qu’il pourrait causer dans une cave remplie de jeunes énervés.
Allègrement diffusées sur YouTube et toujours en noir et blanc, les vidéos de leurs sessions live communiquent la même énergie, à la fois horrifiques (on pense parfois aux Bordelais de JC Satan) et empreintes d’un certain lyrisme, qui doit certainement beaucoup à leur passion pour la poésie la plus sombre, celle de Baudelaire notamment. Mais tout n’est pas noir, et c’est ce qui rend cette musique si belle : « Sink » affiche 11’30 au chrono, percée de magnifiques rayons de lumières (« Silence Slowly and Madly Shine »), tout comme « Walk By The Wild Lands », en conclusion de l’album, et qui avec son orgue et son chant en chœur à des allures étranges de prêche, se terminant par des grésillements inquiétants, histoire de boucler la boucle.
Si on peut regretter le fait que les interludes réduisent d’autant le nombre de vraies chansons (4 interludes sur 10 titres au total), elles ont toutefois le mérite de rendre l’ensemble parfaitement cohérent, au point de donner le sentiment que l’album ne serait finalement fait que d’un seul et unique titre, aux variations contrôlées. Un travail précis, qui vaut aux Psychotic Monks d’être de plus en plus reconnu dans la presse spécialisée (ils font partie de la sélection Inrocklab), alors qu’ils entament une tournée française dans des lieux pour le moins atypiques (ils viennent d’enflammer la Cave Aux Poètes à Roubaix). La suite s’annonce passionnante.
www.facebook.com/ThePsychoticMonks
Label : Alter-K
Tracklisting :
1. Part 1 : As a Burning and a Fever
2. It’s Gone
3. Wanna Be Damned (Punk Song)
4. Part 2 : Squeak of Gravels
5. Sink
6. When I Feel
7. Part 3 : Tranforming
8. The Bad and The City Solution
9. Part 4 : Those Twisted Things
10. Walk by the Wild Lands