Toujours aussi cérébraux, les Anglais arty de Ulrika Spacek livrent une suite maîtrisée à leur premier album « Album Paranoïa ».

Avec ce nom de mastodonte, un certain crédit chez les fans de Shoegaze, et des accointances avec le métal-indus, Ulrika Spacek peut sembler ne pas faire dans la dentelle. Mais à y écouter de plus près, ce English Modern Decoration, est un nouveau projet délicat et sophistiqué, alliage de différents styles (Shoegaze avec des sonorités indus donc, une pointe de Noise-Rock, de Coldwave… liste non-exhaustive), qui respire la classe et l’avant-gardisme, et se pose ainsi en candidat comme porte étendard de la nouvelle scène rock alternative. Car parmi toutes les influences qui affluent dans nos têtes à l’écoute de cette nouvelle performance, Sonic Youth ressort nettement en tête, par son côté expérimental et cérébral.

Succès critique dans la presse spécialisée, The Album Paranoia dévoilait l’an passé un duo de jeunes anglais natifs de Reading, UK (une place forte du Shoegazing dans les années 90), passé par Berlin pour développer leur côté avant-gardiste, puis revenu dans leur patrie pour squatter une ancienne galerie d’art contemporain et sortir ce premier album. Modern English Decoration apparaît comme une suite logique, le second épisode d’une série télé qui garderait son atmosphère, son style, et bien entendu sa trame.

Et quel bonheur de retrouver cette habileté dans l’art de tisser une toile faite de fines strates de guitares, d’effets si évidents, posés sur le juste tempo, et accomplis avec classe. Sur « Mimi Pretend », le son est ample, remplit l’espace, puis s’effondre pour laisser place à une mélodie délicate, un phrasé touchant. « Silvertonic » reprend la même formule, agrémentée d’arpèges qui s’entremêlent, tandis que « Ziggy » et « Full Of Men », laissent éclater au grand jour l’influence de Sonic Youth. « Dead Museum » et « Everything, All The Time » renouent ce son métallique, ce mur du son saturé qui a fait leur renommée sur le précédent album, et ces variations entre espace sonore plein et minimalisme soigné, qui aurait largement dérouté le signal sinusoïdal de votre ancienne chaîne Hi-Fi.

Et puis, niché au beau milieu des entrelacs de guitares de English Modern Decoration, il y a la chanson éponyme, véritable joyau de ces nouvelles compositions, peut être celui qui manquait pour faire la renommée du groupe. Un moment de douceur, en apesanteur, avec cette voix sourde murmurant des paroles difficilement perceptibles, mais dont l’écho tourne en boucle dans la tête des semaines durant… sans jamais vraiment se dissiper.

Tough Love/Differ-Ant – 2017

 

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Tracklisting:

  1. Mimi Pretend
  2. Silvertonic
  3. Dead Museum
  4. Ziggy
  5. Everything, All The Time
  6. Modern English Decoration
  7. Full Of Men
  8. Saw A Habit Forming
  9. Victorian Acid
  10. Protestant Work Slump