Les retrouvailles des cultissimes rockeurs Californiens de Hot Snakes, après un hiatus de 14 ans, sentent la poudre.


John Reis porte-parole des légendaires Hot Snakes est un musicien rebelle qui se contente de peu : jouer du rock and roll fougueux avec ses amis musiciens et harceler l’auditeur sous un flot ininterrompu de guitares aux riffs ravageurs et électrisés. Sub Pop, l’irréprochable label de Seattle, adhère totalement au concept et se fait même un énorme plaisir en intégrant ce combo de San Diego au sein de leur légendaire écurie. Ce nouveau poulain est dans les faits un pur-sang sauvage difficile à dompter. Car aux premiers sons venus la ruade est sévère. “I Need A Doctor” ouverture sans équivoque résume furieusement le propos. La voix sournoise et cataclysmique de Rick Froberg éructe en sourdine son SOS. Un dernier appel avant pétage de plombs ! La rythmique – basse, batterie, guitares – réduite à sa plus simple expression est hyper véloce mais contrainte sous une production sans concession.

Hot Snakes, une bande de fous furieux ? Jericho Sirens leur quatrième LP brise un silence discographique de 14 années. C’est aussi une réunion au sommet de musiciens qui depuis les années 90 (à la tête de formations différentes) ont gravé de nombreux brûlots et éduqué toute une génération post hardcore à un garage rock aux forts accents punkisants et noisy. John Reis (guitare) et Rick Froberg (chant et guitare) se connaissent depuis des lustres. Fraîchement sortis de leurs études secondaires ils forment Pitchfork en 1986. Cette formation underground de post-hardcore existera jusqu’en 1990.

Sur ses cendres encore fumantes ils enchainent sous la bannière Drive Like Jehu (1990-1995) ; le moule est identique mais les contours sont plus expérimentaux. En parallèle Reis fonde Rocket From The Crypt ; une  formation de punk au fort relent rock and roll qui rencontra un succès conséquent. Le groupe splittera en 2005. Le projet Hot Snakes prend sa source le temps d’une courte pause.

L’intervalle est bref mais d’importance : Reis fonde son label Swami, écrit et enregistre quelques titres qui composeront leur premier LP Automatic Midnight. Froberg, Reis et le batteur de Delta 72  Jason Kourkounis sont de la partie. Le bassiste Gar Wood (Beehive and the Baracudas, Tanner, Fiswife) sera incorporé sur leur second opus Suicide Invoice (2002). Un troisième LP en 2004 Audit in Progress avec le batteur Mario Rubalcaba actera définitivement le groupe comme une référence incontournable. Cet album sera auréolé du prix du meilleur album punk de l’année 2005. Puis fin des hostilités.

Cette triplette est aujourd’hui rééditée avec soin par Sub Pop et nous met gravement en appétit pour le furieux plat de résistance du jour Jericho Sirens. Gar Wood, Jason Kourkounis, John Reis, Mario Rubalcaba, Rick Froberg la clique est au complet et concrétise un retour entrevu en 2011 dans le cadre de différents festivals. Le quintet touche ici à l’essence primaire du rock and roll. L’énergie, la puissance et la jeunesse font à nouveau fureur. Jericho Sirens regorge de mélodies calibrées. Les Californiens sont au sommet. Le col est raide et dénudé de toute végétation luxuriante. L’ivresse des sons saturés menace le quidam. Les titres les plus extrêmes (“Why Dont It Sink In” et “Having Another?”) sont mémorables et tombent en piquets fracassants. Deux autres albums moins faciles seraient déjà dans les tuyaux ; ils ont choisi pour ce retour de nous ménager ! Cela promet un sacré grabuge.

Avec un demi-degré en moins sur l’échelle de Richter “Psychoactive” propulse l’auditeur dans un maelstrom sonique des plus inspiré. Les séquences instrumentales libèrent une énergie considérable, la voix de Froberg est à la relance si besoin était. “Death Of A Sportsman” suit la même destinée et acte de la fermeture des disquaires. Un métier en sursis, une mélodie en survie et qui ne vit que pour l’instant présent.“Death Doula” vrille les tympans par son tempo saccadé, quand un antique mélodica résonne sur la rythmique lourde et un brin lancinante de “Jehrico Sirens”. “Candid Cameras” ne cache rien, n’affiche aucun gris-gris mais est simplement et bruyamment efficace.

‘’Six Wave Hold-Down”premier titre écrit depuis leur reformation et premier single extrait montre clairement sa face la plus pop. Son refrain («Take the next one and the next one or the next or the next one») indique distinctement la direction. Le second single “Death Camp Fantasy’’ condense lui tout le savoir-faire des musiciens : un modèle du genre, de l’écriture à la maîtrise de la formule.

Gar Wood est un surfer (sa maitrise du tube – figure emblématique du surf – shooté sur la pochette l’atteste), Mario Rubalcaba est un ancien skateur professionnel ; bref ces musiciens représentent la liberté, le mouvement et la vie. Le choix de leur style musical est la bande son de cette désinvolture. Qui les aiment les suivent !

Sub Pop – 2018

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https://www.subpop.com/

 

Tracklist :

  1. I Need A Doctor
  2. Candid Cameras
  3. Why Don’t It Sink In?
  4. Six Wave Hold-Down
  5. Jericho Sirens
  6. Death Camp Fantasy
  7. Having Another?
  8. Death Doula
  9. Psychoactive
  10. Death Of A Sportsman