Initiateurs habiles de décors obscurs et denses, le duo Romain Barbot et Grégory Buffier signe ici dans leur dernier opus un texte qui semble orienter l’auditeur vers l’idée d’un rituel musical, avec l’aspect paradoxal d’un certain goût pour le mysticisme comme son titre l’indique, un rituel auquel préparent les « libations » qui ouvrent Présence Absente, les cloches appelant au recueillement et au temps de l’écoute qui arrête, pour ainsi dire, le flux du quotidien. « 22 : 22 », à travers ses sonorités cosmiques, apparaît comme un chant analogique et dont l’intensité reste marquante, où la puissance sonore est concentrée sur quelques notes longues de synthé accompagnés d’une basse qui donne, en terme de profondeur, la juste mesure. L’intensité demeure, même quand le morceau se dissipe et laisse la place à « Ire ». Toujours aussi minimaliste, ce dernier affiche à son tour une amplitude, mais beaucoup plus mesurée, de même qu’ « offline migrations » qui le suit de près. On peut dire que ces trois morceaux semblent ne former finalement qu’un seul mouvement unique, le duo concentrant à de gestes simples une étendue sonore tout autant maitrisée que laissée libre à l’imagination. « Temps étranger » qui clôt l’album, avec ses bruits secs et ses cloches, semble marquer un retour au réel, désignant ainsi la fin du rituel.  Le titre en ce sens décrit bien l’expérience sonore de cette « présence absente », ou du moins son résultat : la suspension qu’opère la musique du duo toulousain fait en sorte que la temporalité retrouvée de notre quotidien devienne étrangère, du moins pour un petit moment, laissant l’auditeur apprécier encore un peu la beauté sombre et puissante qui résonne dans sa tête même quand tout s’achève.

Hands in the Dark – 2018

http://handsinthedarkrecords.com/

Tracklisting :

A1 Libations

A2 22:22 (esveil)

B1 Ire (an euphonic discord)

B2 Offline Migrations

B3 Temps Étranger