L’Australie a enfin trouvé ses nouveaux chantres de la pop romantique à guitares, dignes rejetons des The Go-Betweens et The Triffids.


Cela fait maintenant quelques années que nous sommes habitués à accueillir en provenance du pays des kangourous le fin du fin de l’indie pop à guitares, on pense à la néo twee pop de Twerps, le garage psyché déluré de Blank Realm, ou encore les garnements du revival brit pop, DMA’s. Dernier en date, la bande Rolling Blackouts Coastal Fever nous a fait l’effet d’une claque, réveillant chez nous le souvenir ému des cûltissimes The Go-Betweens et The Triffids. C’est peu de le dire.

Précisons d’emblée, Hope Down, leur premier album, n’est pas pour autant un coup d’essai. Le quintet basé à Melbourne – constitué des cousins Fran Keaney (chant/guitare) et Joe White (guitare, chant), les frères Tom (guitare/chant) et Joe Russo (basse), ainsi que Marcel Tussie (batterie) – existe depuis sept ans et a déjà publié à son propre compte une bonne quantité de singles depuis 2013 ainsi que deux EPs sortis chez Sub Pop, Talk Tight (2016) et The French Press (2017). Ce dernier nous avait particulièrement fait forte impression.

Un an plus tard, l’écriture des espoirs australiens – précisons que les trois guitaristes se partagent le chant – s’affûte sur ce format de 10 chansons qui ne nous laisse pas beaucoup le temps de reprendre notre souffle (35 minutes au compteur). Au programme, des guitares vintage  qui sonnent comme les Strokes de la belle époque (pour ne pas remonter trop loin dans l’histoire), des refrains vibrant au naturel désarmant, le tout propulsé par une rythmique économique mais follement nerveuse.

Le fait que le chant soit alterné (bien qu’il soit difficile de distinguer qui chante quoi sans jeter un oeil sur le livret) confère à l’ensemble un charme certain. Et de signer même un classique en puissance, “Talking Straight”, petit miracle de mélodie au refrain mémorable où plane le spectre bienveillant de feu Grant McLennan, illustre moitié des Go-Betweens. Quelques pistes plus tard, même frisson nous traverse sur “Exclusive Grave” mais on croirait cette fois justement que son autre moitié, Robert Forster, qui s’est emparé du micro. Pourtant, n’allez surtout pas croire que RBCF fait dans la pâle resucée, ils ont du talent à revendre. Car la série continue avec “Sister’s Jean” et ses trois pures minutes de bonheur, “Bellarine” à la mélancolie feutrée, ou encore ce  “Cappucino City” qui vogue sur les eaux claires de Prefab Sprout, période Steve McQueen. Oui, rien que ça. Et nous n’avons pas encore fait le tour de ce disque qui continue de se bonifier au fil des écoutes.

Qu’il être va être difficile pour la concurrence en 2018 de surpasser Hope Downs...

Sub Pop / Pias – 2018

Bandcamprollingblackoutscoastalfever.bandcamp.com/

www.rollingblackoutsband.com/

Tracklisting :

  1. An Air Conditioned Man 04:52
  2. Talking Straight 03:45
  3. Mainland 04:15
  4. Time in Common 02:05
  5. Sister’s Jeans 03:16
  6. Bellarine 02:55
  7. Cappuccino City 02:54
  8. Exclusive Grave 03:47
  9. How Long? 03:07
  10. The Hammer 04:29