Derrière sa bouille de post-ado – blonde teinturée, joues roses timides –  l’Américaine Lindsay Jordan joue sur disque déjà dans la cour des grand(e)s.


Derrière sa bouille de post-ado – blonde teinturée, joues roses timides –  l’Américaine Lindsay Jordan (née en 2000 à Baltimore) joue sur disque déjà dans la cour des grand(e)s. Songwriter au talent précoce (elle joue de la guitare depuis l’âge de 5 ans), celle qui se présente sous le pseudonyme Snail Mail s’est fait remarquer avec un épatant single Thinning, tiré de son premier EP paru en 2016 sur un petit label de Washington, Sister Polygon. Les louanges prématurées de Pitchfork ont rapidement attiré l’attention des labels sur sa jeune personne, et c’est finalement la Mecque du rock indé US Matador (Interpol, Thurston Moore, Cat Power… ) qui a décroché la timbale pour signer son premier album.

Mais plutôt que griller précipitamment toutes ses cartouches, la musicienne novice s’est donnée le temps de grandir encore un peu, et son écriture avec, pour proposer aujourd’hui un long format le plus abouti possible, enregistré sous l’aile du producteur Jake Aron (Solange, Grizzly Bear, Jamie Lidell…) et l’ingénieur du son Johnny Schenke (Parquet Courts, The Drums…) et entourée de ses musiciens de scène et copains de lycée Ray Brown à la batterie et Alex Bass à la basse (ça ne s’invente pas). En oeuvrant dans la catégorie chanteuse rock indé à guitare, dans le sillage déjà bien encombré d’une PJ Harvey et consorts, voire plus récemment l’Australienne ultra côté Courtney Barnett, Snail Mail n’a pas choisi le créneau le plus original… Pourtant, au-delà de son approche instrumentale rêche –  configuration en trio oblige -, Snail Mail tire agréablement son épingle du jeu. En premier lieu par son jeu de guitare racé, cultivant un goût pour les accords inhabituels dans la veine slowcore d’un Low. Et puis surtout le contraste de son timbre de voix juvénile, rêveur et mélancolique, qui ne devrait pas déplaire aux nostalgiques du label Sarah Records.

Et même si Snail Mail ressasse un spleen à l’esthétique parfois trop estampillé “indie pop” – les déceptions sentimentales et l’ennui derrière sa fenêtre de banlieusarde – elle-même concède qu’il ne faut pas trop la prendre au sérieux, car au final, l’intensité de la mélodie l’emporte in fine. On peut compter sur cet opus élégant une bonne moitié de pop songs mémorables, dont les vibrants “Pristine” et “Stick” (tiré du premier EP) ou encore l’aguicheur “Golden Dream” au titre justement évocateur. Et lorsque une pédale distorsion s’enclenche sur le refrain de “Full Contact”, on ne peut s’empêcher à un mélange inattendue entre Red House Painters et The Breeders. Des références aussi nobles que validées.

Matador Records / Beggars – 2018

https://www.facebook.com/snailmailband/

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Tracklisting :

1. Intro
2. Pristine
3. Speaking Terms
4 . Heat Wave
5. Stick
6. Let’s Find An Out
7. Golden Dream
8. Full Control
9. Deep Sea
10.  Anytime