Umut Ungan
Si l’ex-membre d’Emeralds nous a plutôt habitué, depuis qu’il mène une carrière solo, à des environnements plutôt hauts en couleurs, on peut dire sans hésiter que Dissolvi marque un saut qualitatif assez explicite au sein de la production du musicien de Cleveland. Ce saut marque surtout la forme du produit fini, puisque Dissolvi possède tous les ingrédients qui ont fait la touche personnelle de Hauschildt, à savoir ces sonorités organiques ainsi que les rythmes cosmiques d’Emeralds qu’il n’a pas arrêté par la suite de décomposer. C’est en ce sens, comme dans Strands (Kranky-2016) par exemple, qu’il n’a pas hésité à explorer des émotions beaucoup plus appuyées, les synthétiseurs étant au service du classical ambient. Cette veine exploratrice on la retrouve également dans Dissolvi, mais davantage tirée cette fois-ci vers une forme dansante de techno minimale. Si tous les morceaux semblent presque œuvrer en ce sens, la structure globale de l’album est progressive, où chaque composition apporte sa pierre à l’édifice. « M-Path », rythmé avec ses notes presque scintillantes, est d’une organicité renversante, constituant une très belle introduction à la suite. On retient de l’ensemble notamment « Syncope » ou « Saccade » qui introduit pour la première fois des voix, féminines ici, dans les productions de Hauschildt : si pour le premier c’est GABI, pour le deuxième c’est Julianna Barwick qui donne la couleur mélancolique parfaite aux rythmes entraînants. Le traitement techno des composants qui ont fait la singularité de Hauschildt jusqu’à Dissolvi donne presque à certains morceaux l’aspect de remix, mais dans le sens positif du terme. Dans Dissolvi on peut retrouver, pour ainsi dire, les environnements d’Arovane ou de Bola dans une certaine mesure, sans que pour autant que l’ordre des priorités soit renversé : Hauschildt « dissout » les genres identifiés dans sa propre pratique, créant un univers à la fois familier et unique.
Ghostly International – 2018
https://stevehauschildt.bandcamp.com
Tracklist :