L’indie-pop rêveuse du jeune quatuor de Malmö emmené par la rafraichissante Caroline Landahl égaye durablement notre journée.


Haro sur les musiques tortueuses sombres ou difficiles… car aujourd’hui on respire et profite – le cœur léger et l’humeur insouciante – de la candeur des good vibrations de Siesta – second effort du quatuor scandinave Hater. En leur compagnie nous sommes de l’autre côté de la barrière, dans le meilleur des mondes, celui de la pop indé romantique mais pas écervelée ! Paré d’un optimisme béat on se délecte de leurs nouvelles compositions. Siesta marque un retour aux belles heures de l’indie-pop via sa filière scandinave. La formation de Malmö fait illico presto remonter à la surface quelques bon souvenirs discographiques  un peu mis de côté ces derniers temps : celui de l’école du défunt  label de Bristol – Sarah Records – par exemple  qui aurait pu accueillir en son sein les ambassadeurs écossais de la pop limpide et mélodique Belle & Sebastian. Un cousinage avec la chanteuse Harriet Wheeler des Sundays se tient aussi. Les références sont de qualité mais les jeunots malmogiens le méritent, car ce quatuor de Malmö, emmené par  Caroline Landahl (chant et guitare), Måns Leonartsson (guitare), Adam Agace (basse) et Lukas Thomasson (batterie) a su d’emblée se détacher de la masse par la qualité et la fraicheur de ses mélodies. La presse scandinave s’est vite amourachée ; leur maigre CV s’est très vite étoffé : une participation remarquée au festival Texan SXSW et à celui de Roskilde et une nomination à un concours national suédois, ça s’était après la parution d’un EP (Radius) et d’un album You Tried (première étape difficile et cruciale). Ils ont aujourd’hui passé ce cap avec succès. Leur bien sympatoche premier album sorti en 2016 sur le label de Stockholm PNKSLM Recordings un an après leur création sera une heureuse découverte, les jeunes musiciens de Malmö alternaient alors les mélodies synthé pop aux atmosphères douces et voilées – à la Air Waves  – avec les instants gentiment plus psychés, post punk ou shoegaze. L’autre atout de de cette jeune formation est la voix espiègle de Caroline Landahl. Très douce, sucrée mais pas trop, et mélodieuse, un vrai bonheur ! Landahl peut même carrément nous faire chavirer quand elle s’époumone et appuie sévèrement sur les cordes vocales comme sur le formidable “Heavy Hearts”. Mais ça c’est le passé !

Le présent via leur actualité du jour n’est pas mal non plus. Auréolé d’une nouvelle petite notoriété les voit maintenant évoluer en division supérieure : ils ont signé sur Fire Records (The Chills, Kristin Hersh,… ). On retrouve sur ce nouvel LP tous les atouts du précédent et bien entendu le timbre de voix de la musicienne suédoise. Sur quelques titres bien vite entêtants Caroline Landahl pousse sa voix avec naturel et légèreté et là encore on craque. Ses capacités vocales semblent assez limitées, par exemple quand elle décide d’accélérer son tempo sa voix est comme stoppée et asphyxiée. Cette ‘faiblesse’, qui n’en ait pas une, produit un résultat au final plus que charmant et donne un attrait incomparable à ses chansons comme sur la suite “Things To Keep Up With” et “Your Head Your Mind”. Les accords de guitares sont incisifs et affûtés. Une longue séquence de synthé emboîte le pas à la rythmique sur “Your Head Your Mind”. Il y en aura d’autres parcimonieusement placés ici et là. L’évolution de la production en regard de You Tried est notable. Le producteur Joakim Lindberg (Yast /Hey Elbow) a apporté de l’épaisseur et du corps au son. Les mélodies sont plus étoffées et complexes. L’habillage de chacun des titres est plus travaillé et les influences sont aussi moins disparates. Leur nouvelle galette Siesta est une suite idéale et semble donc avoir été particulièrement bichonnée par tout ce petit monde au studio Sickan à l’extérieur de Malmö.

Landhal et ses musiciens peuvent aussi jouer sur du velours. C’est tout aussi convainquant. “I Wish I Gave You More Time Because I Love You” est un petit bijou intimiste, il le doit en partie à son suave saxophone. Quand Landley partage le chant c’est tout aussi probant comme sur le court et confidentiel “I Sure Want To”. Un retour aux fondamentaux moins polis et plus rock (“Why It Works Out Fine”) peut côtoyer sans vergogne quelques douces parenthèses où percent un petit rayon de mélancolie (“Things To Keep Up With”, “Fall Off”, “All That Your Dreams Taught Me” ou “Seems So Hard”). L’art du refrain entêtant est aussi l’apanage du quatuor Suédois. “It’s So Easy” débute en mode new-wave et assume son statut de chanson dans l’instant entêtante. La justesse du premier titre “From The Bottom Of Your Heart” nous avait mis sur la voie.

Soleil de minuit en été, aurores boréales en hiver et Siesta de Hater pour nous accompagner en toutes saisons. La vie est belle en Suède !

Fire Records / 2018

https://www.facebook.com/haterrmusic/

Tracklist :

  1. From The Bottom Of Your Heart
  2. It’s So Easy
  3. I Wish I Gave You More Time Because I Love You
  4. Closer
  5. Fall Off
  6. I Sure Want To
  7. Things To Keep Up With
  8. Your Head Your Mind
  9. Why It Works Out Fine
  10. The Mornings
  11. Cut Me Loose
  12. All That Your Dreams Taught Me
  13. Seems So Hard
  14. Weekend