Par une brumeuse journée d’automne, Raoul Vignal revient souffler au creux de nos oreilles sa sérénité boisée.


Par une brumeuse journée d’automne, Raoul Vignal revient souffler au creux de nos oreilles sa sérénité boisée. Apparu au printemps 2017 avec son premier album, The Silver Veil sorti sur le label Talitres, le guitariste, auteur et chanteur lyonnais avait reçu un accueil critique retentissant. Lors de ces douze derniers mois intensifs, passés à tourner dans l’hexagone et à travers l’Europe, Vignal a tout de même trouvé le temps d’enregistrer son second album, préférant – comme on dit – battre le fer tant qu’il était encore chaud.

Oak Leaf a été enregistré en mai au studio Mikrokosm, à Lyon, puis mixé au studio Klangbild à Berlin, où The Silver Veil avait été conçu deux ans auparavant. D’où cette impression de continuité, de ne pas encore rompre le fil, mais plutôt d’étirer encore un peu le temps, sans pour autant le distendre ou laisser du jeu. Ne pas alourdir le propos non plus, mais lui donner de l’ampleur – un piano diffus, un vibraphone, un saxo coltranien signé Tom Chargnard sur “I Might” et “No Faith” – pour soutenir sa formidable assise trio constituée de Lucien Chatin (batterie) et Jordy Martin (double basse).

Les choses ont beau s’être accélérées tout autour de lui, Vignal maintient la mesure sur ces dix folks songs au spleen contemplatif, son picking au diapason n’en demeure que plus sensible. Sa voix Drackienne (Nick, pas l’autre) jamais apitoyée, plutôt songeuse voire emplie de sagesse, est un enchantement (l’élégiaque “Mirror”, “Pepa’s Eyes“ ou “The Dream” aux arpèges envoûtant).

Oak Leaf nous entraîne dans un subtil jeu de piste où l’exercice folk est transcendé par une maîtrise instrumentale hors-pair. Comme sur l’ouverture d’“I Have Sinned”, qui esquisse d’abord une influence gaélique, mais bifurque vers les horizons slowcore d’un Mark Kozelek. Ou encore “No Faith”, où une rythmique brésilienne à la João Gilberto, passe au filtre folk automnale de notre si chère vieille Europe. Il n’y a finalement que sur  » The Waves », scindé en deux parties, que Vignal accélère sa vitesse de croisière pour rentrer dans des eaux plus agitées : dans un premier temps, il nous appelle à écouter le mouvement infini des vagues, celles augurant d’un début d’une tempête. En seconde partie, on bascule dans une nuit mystérieuse au son d’un vibraphone. Un trouble délicat d’à peine deux minutes, mais d’une profondeur rare. C’est tout le talent de Raoul Vignal que de nous installer dans l’oeil du cyclone avec tant de retenue et délicatesse.

Talitres/ L’autre Distribution – 2018

 

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Tracklist :

  1. Pepa’s Eyes
  2. No Faith
  3. The Dream
  4. Blue Raven
  5. I Might
  6. I Have Sinned
  7. The Waves (pt I)
  8. The Waves (pt II)
  9. Mirror
  10. The Valve