Voilà trois ans, le guitariste de Nashville nous avait déjà fait voir du pays – en l’occurrence la country folk americana – sur son splendide troisième album, Modern Country.


Voilà trois ans, le guitariste de Nashville nous avait déjà fait voir du pays – en l’occurrence la country folk americana – sur son splendide troisième album, Modern Country. Un voyage dans l’espace – ou plutôt les grands espaces – et le temps, remontant l’histoire de l’american primitive par d’étonnants chemins de traverses, notamment la dream pop et le krautrock. Ex membre de Lambchop et Silver Jews, William Tyler – 39 ans et toujours l’allure d’étudiant – s’est depuis imposé comme premier de cordée dans la guitare instrumentale solitaire (on a pu notamment le voir à Paris en première partie de Wilco). Pour son quatrième opus solo, et second pour Merge Record, sa guitare acoustique recherche toutefois de plus en plus de la compagnie en studios : Tyler s’est ainsi entouré de la guitariste Meg Duffy (Kevin Morby), le bassiste Brad Cook (Megafaun), le claviériste James Wallace et du batteur Griffin Goldsmith (Dawes). Comme son titre le suggère, l’album est inspiré de la Côte Ouest,  son auteur ayant déménagé en Californie durant l’écriture du disque. Géographie aidant probablement, pas l’ombre d’un nuage noir se profile sur ces dix compositions folk moderne et régénérante. Parfaite mise en bouche, « Alpine Star” avec son intro solitaire au picking limpide dans la veine contemplative de Glenn Jones, mais cette hégémonie acoustique bascule trente secondes plus tard avec le renfort du groupe : la perspective sonore change subitement, il y a de l’électricité dans l’air, le thème prend de la hauteur, sous l’impulsion d’une section rythmique et de nappes synthétique incandescentes, le tout subtilement mis en valeur par la production de Tucker Martine (Laura Veirs, Modest Mouse). D’une beauté désarmante,  “Fail Safe” et sa caressante mélodie arpégée, polarise la lumière comme rarement on l’aura entendu dans cette configuration instrumentale à cinq. “Eventual surrender” évoque quant à lui “Bron-Yr-Aur” de Led Zeppelin revisité version americana. A noter que le vétéran jazz de la six-cordes Bill Frisell se fend d’un solo imagé bourré d’émotion sur le dernier titre de l’album « Our Lady of the Desert. Avec Goes West, William Tyler redéfinit une vision personnelle des grands espaces, solaire et vibrant, tout en veillant à rester accessible au plus grand nombre. Allez, direction plein Ouest.

Merge / Differ-Ant – 2018

 

 

Tracklisting : 

  1. Alpine Star
    2. Fail Safe
    3. Not in Our Stars
    4. Call Me When I’m Breathing Again
    5. Eventual Surrender
    6. Rebecca
    7. Venus in Aquarius
    8. Virginia Is For Loners
    9. Man in a Hurry
    10. Our Lady of the Desert (feat. Bill Frisell)