La dream pop psyché de ces chimistes des antipodes redouble d’ambition sur leur troisième album.
Au vaste royaume de la Pop alternative, la quête est souvent décevante. En ces temps d’ultra connectivité, la première écoute d’un nouvel album est devenue brève : on passe rapidement d’un morceau à un autre, lassé par des productions complaisantes, des voix improbables ou « auto-tunées », ou les deux si on est malchanceux ou non abonné à nos rubriques :). Il est vrai que trouver une nouvelle recette à partir d’ingrédients en vente libre demande du temps, du talent et une fois éprouvée, une véritable conviction pour l’artiste et son producteur afin de la défendre et la révéler.
Pour trouver cet eldorado, il nous faut alors traverser les mers, les océans et le salon pour rejoindre l’Australie, Perth plus exactement. La ville nous a déjà surpris et réunis à plusieurs reprises avec Pond ou Tame Impala. Elle nous exporte un autre talent singulier, celui de Methyl ETHEL qui après deux albums remarqués – Oh Inhuman Spectacle (2015) et Everything is forgotten (2017) – nous offre un nouvel effort soigné à maturité.
Methyl Ethel est un mélange pop-électro-rock dense, retenu et dosé. Tout semble avoir été soigneusement préparé pour rendre leur ouvrage énigmatique, sophistiqué et concentré. Dans le tube à essai c’est d’abord une voix, nous rappelant Anna Calvi, qui n’est autre que la voix androgyne de celle de Jake Webb, leader de ce trio. Vient s’ajouter au dosage la production scintillante, engageante et précise élaborée par Marta Salogni (Bjork, The XX, Goldfrapp) qui nous remémore les beats romantiques de feu Wild Beast. Cette préparation à la formule originale prend toute sa consistance et sa force de séduction avec l’apport diffus de cette mélancolie contemporaine qui traverse tout l’album. Une sorte de balade urbaine où entre les buildings on aperçoit des bouleaux frémissants, des ondes magiques de lumières éclatantes et ce souffle de vent, ce souffle de voix qui nous transporte dans un vibrant moment d’écoute et de vie plus intense, plus cérébral. Un peu comme la pochette « Unconventional » de leur album signée du peintre Loribelle Spirovski.
Le voyage s’ouvre sur une double entrée en matière, avec les efficaces « Ruiner » et « Scream Whole » qui nous engagent comme dans une rythmique punchy et revitalisante mais toujours condensée et appliquée. On retiendra également « Hip Horror » mélange qui pourrait le concentré d’une formule savoureuse qui porterait le nom de « lyrico punchy pop ».
Sans aucun doute, cette troisième sortie de l’illustre laboratoire indé 4AD est réussie et nous invite à rejoindre nos savants australiens au Point Ephémère le samedi 25 mai ou au Botanique Bruxelles le 28 mai pour un concert enivrant sans fumée.
Tracklisting :
- Ruiner04:19
2. Scream Whole04:12
3. All the Elements04:23
4. Trip the Mains03:49
5. Post-Blue05:16
6. Real Tight03:16
7. Hip Horror03:56
8. What About the 37º?03:49
9. No Fighting