Le talentueux canadien Ben Cook signe deux albums en forme de manifeste Power Pop, arrosé de refrains à fleur de peau. 


Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous ne l’avion pas vu arriver. Sorti presque de nulle part il y a quatre ans, l’album Ripe 4 Luv de Young Guv s’affirme avec le temps comme étant le meilleur disque de power pop de ses quinze dernières années. Et quand on parle de power pop, on ne dit pas les choses à la légère : on vous parle de celle de Big Star et des Flamin’ Groovies, des harmonies vocales princières de Teenage Fanclub, du sens du refrain “candide n’roll” de The Nerves, et tant d’autres issus de cette mouvance musicale…

 Les huit titres de Ripe 4 Luv exhalaient ce fin savoir-faire, sculpté sur un manche de Rickenbacker, et devenu si rare de nos jours. Une surprise d’autant plus grande que le CV de son géniteur, le Canadien Ben Cook, tout juste la trentaine, ne collait pas vraiment à son timbre de voix “caressant” – guitariste du groupe punk hardcore Fucked Up, mais aussi par le passé songwriter pigiste pour Taylor Swift et Sum 41. Mais tout cela c’est de l’histoire ancienne, jure-t-il. Cette année, Ben Cook, livre pas moins de deux albums à quelques mois d’intervalle, sobrement intitulés GUV I (paru en août), GUV II (paru en octobre). Soit dix neuf titres scindés en deux – disponible ensemble ou séparément en vinyl/CD via sur son bandcamp -,  à la mode Use Your Illusion I et II diront certains, ou plus récemment remis au goût du jour par Foals avec Everything Not Saved Will Be Lost, part I & II.

Si la production évoque plutôt une power pop cuvée 90’s – cirka les Posies et Teenage Fanclub – , on entend aussi une volonté de son géniteur de salir un peu ses belles mélodies. On pense de fait à un autre électron libre de cette période, Guided By Voices, pour la chaleur du huit-pistes mais aussi pour l’aspect quantitatif, ou du moins cette facilité d’écriture générant ce trop-plein de musique coincé sur ce même support. D’ailleurs, il se pose à nous le même dilemme que pour la bande à Robert Pollard : faire le tri. Car tout n’est pas indispensable, notamment sur la seconde partie de l’album, où pointe quelques claviers cheap. A l’instar de Caught Lookin’, ambiance “néon new wave solaire”, avec un solo de saxo “cheesy” au possible. Son compatriote Dan “Destroyer” Bejar s’en sort bien mieux dans le genre avalonesque (en même temps, ce n’est pas non plus sa facette musical que l’on préfère). 

Mais après avoir sorti notre poubelle jaune, on peut décemment prétendre à un GUV Cinq étoiles.  Avec en tête de liste les imparables Luv Always, High On My Mind (et ses choeurs féminins rêveurs). Mais aussi She’s A Fantasy, qui exhume à lui seul les harmonies aérienne des Byrds sur fond d’arpèges douze-cordes,  et l’irrésistible « Can I Just Call You » (hommage au “Hangin on the Thelephone” des Nerves?). Attention également à l’overdose de sucre sur “Can I luv U In My Own Way”, qui pourrait sonner comme un inédit perdu de Badfinger, solo de guitare seventies à l’appui. Et pour terminer en beauté, “Trying To Decide”, jolie chanson indécise qui nous invite à danser sur la plage au moment du sunset, une Caïpirinha à la main. Ce bouquet power pop a décidément de l’allure.

Run For Cover Records – 2019 

Producteurs : Ben Cook et Tony Price

Tracklist:
  1. Patterns Prevail
  2. Roll With Me
  3. Every Flower I See
  4. Luv Always
  5. Didn’t Even Cry
  6. High On My Mind
  7. Exceptionally Ordinary
  8. A Boring Story
  9. She’s A Fantasy
  10. Try Not To Hang On So Hard
  11. Caught Lookin’
  12. Trying To Decide
  13. Forgot To Feel
  14. Can I Luv U In My Own Way
  15. Song About Feeling Insane
  16. Can I Just Call U
  17. Can’t Say Goodbye
  18. try not to hang on so hard (demo)
  19. hammer & pulse (demo)