Minimal Compact redonne vie à une petite poignée de ses enregistrements passés. Le plaisir se prolonge.


La formation cosmopolite (israélo-turquo européenne) de Minimal Compact, composée de Samy Birnbach (poète et chanteur), Malka Spigel (basse, chant), Berry Sakharof (guitares, claviers), Rami Fortis (guitares, chant) et Max Franken (batterie) fait partie des incontournables de la période post-punk et new wave. Excellente surprise donc que de les voir aujourd’hui réactiver leur projet dans le line-up originel et après une si longue période de sommeil (soit 30 années de silence discographique).

Les musiciens se rencontrent à Tel-Aviv à l’orée des années 80. Ils vont prestement quitter Israël jugé trop étriqué culturellement pour leur épanouissement artistique, pour atterrir à Amsterdam. Quelques mois suffiront pour officialiser leur formation et développer un cercle d’amis conséquent : Peter Principale (Tuxedomoon), Marc Hollander – jeune créateur du label Crammed Disc – et Dirk Polak, chanteur charismatique du groupe néerlandais Mecano. Hollander et Polak les accompagneront vers l’enregistrement de leur première composition  – “Creation is perfect”  – basée sur un texte du poète Beat Bob Kaufman. Suivra l’écriture de “Statik,Dancin” et de quelques autres. Ils aboutiront naturellement à la sortie en 1981 d’un 1er EP 5 titres éponyme très favorablement accueilli. Leur histoire est en marche.

Minimal Compact va ensuite occuper le terrain avec fougue et singularité. Ils s’extirperont de la masse en fusionnant les genres. Leur recette : des accords de guitares basiques ou atmosphériques, un rythme propulsif ou des séquences lancinantes de new wave européenne (voire cold wave), le chant sépulcral de son chanteur, quelques approches expérimentales, une rasade d’intransigeance calquée sur la musique industrielle, le tout emballé dans un écrin d’influences orientales et arabisantes.

Les musiciens vont ainsi construire une discographie originale et addictive. One by One (1982), Deadly Weapons (1984), Raging Souls (1985), The Figure One Cuts (1987) seront riches en compositions emblématiques  (“Disguise”, “Next One Is Real”, “When I Go”, “New Clear Twist”). En parallèle, et pour ne rien gâcher, leurs prestations scéniques seront énormes.
En 1988 le groupe splitte et s’éparpille. Divers projets naissent (Foreign Affair, Githead, Immersion, DJ Morpheus).

En 2019, l’instigateur et le catalyseur de ce retour discographique c’est Colin Newman du groupe Wire. Très proche du groupe, il va utiliser une matrice de séquences captée lors de récents concerts comme point de départ qu’il mixera à des performances en studio. Le résultat ce sont sept «nouvelles» chansons tirées de leur back catalogue et traversées par une nouvelle dynamique. Le traitement sonore du producteur et musicien de Wire leur apporte une touche très contemporaine et gomme toutes leurs antériorités. L’emblématique “Statik Dancing” et sa ligne de basse funky et sa rythmique au cordeau débute ce trop court enregistrement. Un inédit se glisse dans cette sélection retravaillée : le huitième et dernier titre ; soit l’excellente composition “Holy Roller” enregistrée à Tel-Aviv en octobre 2018 dans une pure veine Minimal Compact et surtout au diapason des anciennes.

Le choix de réenregistrer d’anciens morceaux peut être interprété comme un manque d’inspiration. Mais le propos n’est pas là. Les albums du passé ne rendaient pas grâce à l’ADN de cette formation. L’énergie de leurs prestations scéniques ne transpirait pas de leurs enregistrements studios passés. Creation is Perfect vient en 2019 corriger le tir. Minimal Compact «fait briller et miroiter son ombre».

Minimal Compact/ Differ-ant – 2019

En concert le 26 mai prochain à Paris, La Machine du Moulin Rouge

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TRACKLISTING :

  1. Statik Dancin’
  2. Take Me Away
  3. Nada
  4. Raging Souls
  5. Not Knowing
  6. My Will
  7. The Well
  8. Holy Roller