Umut UnganC’est encore chez le label Dust que l’on retrouve la suite des productions solo de l’ex-membre du duo expérimental américain Barn Owl.
C’est encore chez le label Dust (et avec Rafael Anton Irissari [Balmorhea, Benoît Pioulard…] au mixage) que l’on retrouve la suite des productions solo de l’ex-membre de Barn Owl. En 2017, Toxic City Music décrivait les vastes architectures dépersonnalisées et totalement déshumanisées de la ville. Un tableau qui était comme l’expression de l’expérience de Caminiti de la ville de New York, généralisable à toute vie urbaine et pourrions-nous dire, de toute société post-industrialisée. En ce sens, Varispeed Hydra apparaît beaucoup plus organique et moins allégorique, du moins pas aussi frontalement, que Toxic City Music. Les différents morceaux qui le composent déconstruisent davantage le spectre impersonnel, son œil externe et scrutateur ; les grandes structures formées par les synthétiseurs semblent plus espacées et aérées, même si la musique de Caminiti garde sa distance habituelle des affects trop explicites ou d’harmonie facile. Or, on entrevoit aussi le fil rouge qui nous guide depuis Toxic City Music : en jouant constamment avec les intensités et les répétitions, Varispeed Hydra, autant que son prédécesseur, apparaît comme le dehors d’une musique techno, défait de ses éléments clinquants pour ne garder que sa force d’immersion. Le fait d’inclure des sons « naturels », conjugué au style imperturbable de Caminiti, peut nous orienter, dans notre interprétation de l’album, vers un souci écologique, à la fois comme inquiétude du présent et horizon émancipateur pour le futur. Bien qu’il soit tout aussi immersif, Varispeed Hydra apparaît comme plus statique et expectatif, sûrement malgré lui. Et c’est peut-être en ce sens aussi qu’il est moins percutant que son prédécesseur, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il manque de charme ni de force.
Dust – 2020
Tracklist :