Romy Vager et sa formation de Melbourne entérinent les espoirs de l’indie pop international avec leur second album.


Rien à dire, le single “I Used To Love You” est un modèle du genre.  Nous sommes alors à mi-parcours de l’écoute du second opus de la formation australienne RVG,  découverte il y a trois ans avec le remarqué et ‘Go-Betweenien’ A Quality of Mercy. “I Used To Love You » ravive en effet nos illusions d’adolescents : la mélodie exacerbe un sentiment de romantisme, de révolte et de frustration. Les accords de guitares sont clairs et tendus, la section rythmique est impeccable et le chant androgyne de la guitariste et compositrice Romy Vager est prenant et incontournable.
Cette composition ne sera pas une exception. Sur les dix que comptent Feral,  la présence de Romy Vager accapare de bout en bout l’attention et insuffle une énergie phénoménale à cet album, enregistré dans de propices conditions live, au studio Head Gap sous la houlette du producteur Victor Van Vugt (PJ Harvey, Nick Cave, Robert Forster). Feral est un alliage parfait et flamboyant entre l’urgence du post-punk british mélodique, les influences new wave hantées et affectives d’Echo & the Bunnymen et bien sûr du rock austral lettré des Go-Betweens, voire celui plus garage et fougueux des Sunnyboys.
À l’écoute des compositions de Vager une tension intérieure est palpable. Ses textes sont recherchés et traduisent un centre d’intérêt vital pour la compositrice. L’heure du slow sirupeux aux paroles lénifiantes n’est donc pas à l’ordre du jour.

Sur le premier titre “Alexandra” la guitariste et compositrice illustre en parole les difficultés à avouer à sa famille d’être transgenre.

« Alexandra, Little sister, Tell me, what do you think about me? »

Romy Vager est immergée dans son univers, avec comme elle l’a déclarée dans la presse, l’impression d’être un peu en dehors des choses, de ne pas toujours être connectée aux réalités des autres. À nous donc de capter son message et d’interférer dans son champ d’action – celui d’une collection de chansons à l’efficacité radicale et engagée émotionnellement. Pour la promotion de ce nouvel opus RVG devait assurer la première partie des Pixies et de Faith No More. Tous les voyants étaient au vert pour ce quatuor australien. Mais la situation sanitaire a malheureusement tout mis entre parenthèses.

Il n’empêche, sur ce disque, Reuben Bloxham à la guitare et au clavier, Marc Nolte à la batterie et Angus Belle à la basse font bloc avec la guitariste Vager. La troupe est souveraine. Les compositions s’enchaînent avec lyrisme, énergie et passion. La première moitié de Feral est fracassante, entre garage pop “Asteroid”, rock binaire “Christian Neurosurgeon”, pop-rock allègre “Little Sharky & The White Pointer” ou indie pop sur l’homérique “Help Somebody” jalonné de longues séquences enlevées et aériennes de guitares. C’est brut de décoffrage et resserré sur l’essentiel.
La seconde moitié de Feral est un semblant moins immédiat mais reste néanmoins après quelques écoutes plus poussées de très bonne facture.

Feral est un disque sur l’isolement, l’isolement intérieur de sa narratrice, un monde assez sombre mais mis en lumière par de flamboyantes poussées d’adrénaline musicale.

Our Golden Friend/  Fire Records – 2020

https://www.facebook.com/RVGBAND/

Tracklisting :

  1. Alexandra
  2. Asteroid
  3. ChristianNeurosurgeon
  4. Little Sharkie & The White Pointer Sisters
  5. Help Somebody
  6. I Used To Love You
  7. Prima Donna
  8. Perfect Day
  9. The Baby & The Bottle
  10. Photograph