Deuxième opus en solitaire pour l’attachant guitariste et songwriter de Big Thief, douce déambulation country folk aux saveurs de la nouvelle Orléans.


On imagine le vertigineux degré de désorientation d’une formation comme Big Thief, en temps normal constamment en tournée, privée depuis des mois de son terrain de jeu vital. Ainsi donc, en congé forcé de leur groupe, ses deux têtes pensantes Adrienne Lenker (chant guitare) et Buck Meek (guitare, vocaux) incapables de faire du surplace, ont enchaîné sans temps mort sur leurs projets solo respectifs. Lenker d’abord, a sorti à l’automne dernier un charmant double album de folk contemplatif enregistré durant le confinement dans une forêt des Appalaches, sobrement intitulé Songs + instrumentals. 

Sans surprise, le deuxième opus solo de son acolyte Buck Meek, Two Saviors, s’inscrit dans une veine similaire, country folk minimaliste. Ce recueil de onze nouveaux titres a été enregistré à la Nouvelle Orléans durant l’été par le producteur et ingénieur du son Andrew Sarlo (crédité sur tous les albums de Big Thief), en sept jours et dans des conditions live sur une console 8-pistes. Là où le natif d’Houston s’extirpe du périphérique surchargé indie folk, c’est évidemment son songwriting subtile, sobre en apparence, capable d’habiller des harmonies avec trois fois rien, de cette élégance innée que l’on retrouve sur After The Goldrush, pour n’en citer qu’un. 

Il faut dire que ce diplômé de la prestigieuse Berklee College of Music, préfère incontestablement étudier la science de la composition pop-folk plutôt que de travailler ses gammes comme tout assidu de solfège. Bref, Meek sait écrire des chansons, et même de sacrés chansons. Son brin de voix doux et rêveur nous transporte d’un simple geste – la chaleur Lo-Fi de “Halo Light”, ou encore “Dream Daughter”, juste accompagné de sa guitare et quelques spectres de feedback, comme dans un bon vieux Big Star période Third

« Candle », co-écrit avec Adrianne Lenker (qui est également auteur de la photo de couverture de l’album), nous évoque forcément Big Thief, mais ce n’est pas pour autant le meilleur morceau de cet album, qui en réserve une belle poignée. Notre préférence porte sur Second Sight, un pur bijou qui pourrait à lui seul justifier l’émancipation solo du guitariste sans qu’on en aurait rien à redire.  “Cannonball ! Part2”, n’est pas une reprise ou suite du morceau phare des Breeders, mais s’imprègne de racines country sur fond de piano et de lap steel, certainement la composition la plus Parsonnienne de tout l’album. 

Déjà adepte avec Big Thief du précepte  “la première prise est toujours la  bonne”, Meek peut ici compter sur quatre musiciens parfaitement en osmose – Adam Brisbin (guitare), Mat Davidson (basse, pedal steel, violon), Austin Vaughn (batterie) et le frère de Buck, Dylan Meek (piano, orgue). A l’écoute du délicieux “Two Moons” très imbibé du son de la Nouvelle Orleans, on peut clairement imaginer le groupe installé au soleil couchant sur le porche de la maison victorienne où ils ont enregistré l’album, juste à côté du Mississippi. Le Meek plus ultra.

BUCK MEEK, Two Saviors (Keeled Scales / Modulor)

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Tracklisting :

1. Pareidolia
2. Candle
3. Second Sight
4. Two Saviors
5. Two Moons
6. Dream Daughter
7. Ham On White
8. Cannonball! Pt. 2
9. Two Moons (morning)
10. Pocketknife
11. Halo Light