Le post-punk des émergeants Yard Act ancré dans les réalités post-brexit déprimantes est déclamé sur des rythmes accrocheurs.


Originaire de Leeds, Yard Act est la dernière comète à avoir émergé promptement du pays de la perfide Albion. Un EP 4 titres gonflé à l’hélium (Dark Days / 2021), un bouche à «oreille numérique » croissant et ce tout frais 1er album, The Overload, ont suffi aux musiciens  – James Smith (chant), Ryan Needham (basse), Sam Shipstone (guitares) et Jay Russell (batterie) pour sortir du lot en empilant une pelletée de bonnes critiques.
Yard Act vient donc gonfler la nouvelle écurie post punk des conceptuels et cérébraux (Dry Cleaning, Squid,  Silverbacks, Black Country New Road,…) mais en apportant quelques spécificités de bon aloi : un talent notable à s’ancrer dans la problématique sociale, culturelle et politique du citoyen anglais, celle d’injecter une bonne touche de sarcasme ou de personnages truculents dans leurs textes et musicalement de construire leurs mélodies sur un tempo bien plus dynamique et « dansant ». L’expérience d’écoute pour le néophyte s’en trouve moins hermétique.

À l’instar du rap, influence non feinte ici, la musicalité de cet opus est régulièrement phagocytée par le flot de paroles du prolixe James Smith. Mais la réussite de cet enregistrement réside dans le contrepoint parfait avec les passages sonores efficaces et accrocheurs.  
Le funky «Dead Horse» est un échantillon modèle : généreux en séquences hip-hop, James à le verbiage expansif mais le moral en berne quand il parle des effets du brexit. « Land Of The Blind » atteste aussi de sa capacité à nous bouger joyeusement entre les lignes de basses singulièrement remuantes et le « bababa » très musical de Smith.  

A noter que le mancunien Mark E Smith est une influence notable ; manifeste sur la composition «The Incident». James (l’autre Smith) finit son morceau par une séquence de chant calqué sur les beuglantes «mégaphonesque» du regretté leader de The Fall. De nombreux observateurs avisés ont aussi cité Jarvis Cocker (Pulp) pour le couple – tempo musical galvanisant et chant parlé.
Cet opus de très bonne tenue de bout en bout enchaîne les bons plans : de «Rich» avec ses quelques accords de guitares disparates, qui introduisent la tirade anti capitaliste de Smith qui va s’épancher ensuite sur un terrain musical hybride de post-punk verbal, ou le véhément «Payday» symbolisant  les effets néfastes de la politique du premier ministre conservateur Boris Johnston (morceau bien évidemment censuré au « partygate » de BoJo !).
La chanson-titre «The Overload» entame ad hoc de cet opus, avait rappelons-le parfaitement résumé l’affaire : un refrain probant, des riffs de guitares anguleux, des lignes de basses marquées et Smith prolixe et hyper éloquent.

La face B voit un léger changement de style s’opérer. James Smith et sa clique injectent quelques passages de guitares plus soignés, le propos se veut plus amer (comme cette histoire contée sur (« Tall Poppies ») d’un jeune footballeur pétri de rêves qui n’a jamais quitté son village. Moins rancunier plus compatissant ou lyrique, Smith calme même sérieusement le tempo pour conclure magnifiquement sur « 100% Endurance ». En mode fin de soirée il affiche un ton romanesque et positif, son timbre de voix perd de sa verve … et le message gagne en sincérité.

Espoir d’un monde meilleur, cynisme de la société anglaise, revendications légitimes, colère, humanité, causticité, les textes concoctés par James Smith et ses copains puisent avec talent dans un terreau bien gras et riche.

Island/Zen F.C. – 2022

http://www.yardactors.com

https://www.facebook.com/YardActBand

Tracklisting :

  1. The Overload
  2. Dead Horse
  3. Payday
  4. Rich
  5. The Incident
  6. Witness
  7. Land Of The Blind
  8. Quarantine The Sticks
  9. Tall Poppies   
  10. Pour Another
  11. 100% Endurance