Sur son troisième album, le Gallois Simon Love nous renvoie aux douces années Brit Pop, sur fond d’amour et de règlement de compte.


Dans un monde antérieur, plus précisément en 1993 en plein raz-de-marée brit pop, le Gallois Simon Love aurait certainement fait la Une du “NME”, aux côtés des attachants seconds couteaux Sleeper, Embrace, Cast ou encore Babybird… Sa pop insouciante (nuancée par des textes parfois étonnamment cinglants) aurait été saluée par Damon Albarn et Jarvis Cocker, et peut-être même qu’un hit aurait été décroché en France, façon You’re Gorgeous de Stephen Jones. Mais nous sommes en 2022 et les algorithmes sont désormais tristement souverains. En dépit, nous avons plus que jamais besoin de Simon Love, sa légèreté, son sens de la mélodie caressante et du refrain qui fait mouche.

C’est bien sûr une évidence, Simon Love n’est qu’amour. Et plutôt deux fois qu’une, puisque le Gallois basé à Londres aime aussi à le souligner dans le titre de ces albums. Son précédent opus solo, Sincerely, S. Love x, paru en 2018 inaugurait sa signature sur le label germanique Tapete – son premier, It Seemed Like A Good Idea At The Time (2015) était sorti sur le défunt label Fortuna Pop. Deux disques éclairés d’un vrai talent pour trousser des refrains qui coulent de source, sous le parrainage sucré de Spector période Post-Beatles (côté donc Lennon et Harrison), avec des moyens tout de même plus modestes. Son troisième album, Love, Sex, And Death etc,  qui paraît après quatre ans d’absence, porte toujours le même propos et degré d’exigence en termes d’écriture : douze compositions sagement maturées, écrites entre 2017 et 2019, puis enregistrées courant 2020 dans des conditions quasi live, après avoir été répétées durant six mois avec son backing band, The Old Romantics. 

Avec cette collection de mélodies irrésistibles en fil conducteur, Simon propose un disque pop au sens noble du terme, soigné d’ambiances variées, d’une humeur peut-être plus anglais, voire “Kinksien”, que ses prédécesseurs. Ne serait-ce que pour l’entrée matière électrique Me and You, hymne brit pop en puissance, ou encore la balade rêveuse « I Will Always Love You Anyway’. Le chant de Love prend parfois un tour à la Oasis, comme pour “I Love Everybody In The Whole Wide World (Except You)” aux paroles saignantes, dans un mode orchestral façon « Whatever ». « The Fuck Up », est le genre de morceau power pop dont Teenage Fanclub serait capable, à grand renfort de grelots et de chœurs beach boyesque, bien que les paroles ont également des allures de règlement de compte.

La pièce de résistance s’intitule « L-O-T-H-A-R-I-O » et s’étire sur sept minutes, Simon y troque le pull marinière et l’insouciance communicative d’un Jonathan Richman. Autres réjouissances, ce North Road rock n’roll sertie de cuivres radieux, « You’re On Your Own » dans une veine plus country, ou encore la comptine « Au Revoir My Dude », chanson d’amour dédiée à sa progéniture. Voilà ce qui s’appelle, en l’espace de douze titres, passer un bon moment en famille.

Tapete Records / Bigwax – 2022

https://simon-love.bandcamp.com/

Tracklisting : 

1. Me And You
2. I Will Dance
3. The Fuck-Up
4. North Road
5. You’re On Your Own
6. Yvonne
7. I Will Always Love You Anyway
8. The Worst Way To Die
9. L-O-T-H-A-R-I-O
10. I Love Everybody In The Whole Wide World (Except You)
11. Au Revoir My Dude
12. Me And You (Reprise)