La jeune formation post-punk originaire de Brighton sort enfin son premier album, prétrit d’énergie et de belles promesses.


Les shorts courts et les chaussettes baissées, partout moustaches et nuques longues qui virevoltent au vent, Toto Squillacci qui explose et éclipse presque les frasques de Maradona, alors qu’une Allemagne bientôt réunifiée emporte le sacre. Le tout est retransmis sur des téléviseurs au rendu d’image encore pas si éloigné du technicolor. C’était le dernier Mondial romantique, et aussi la fin des années 80, qui voyait se tarir peu à peu la vague froide du Post-Punk. Il n’est pas nécessaire d’être quarantenaire aujourd’hui pour le considérer comme tel, et c’est visiblement le cas des jeunes loups de Italia 90. Cela tend à amoindrir la perception de lads bas-du-front que l’on pourrait avoir du quatuor originaire de la banlieue de Brighton. Oui, ils ont des têtes de punk peu commodes, ils aiment le foot et squatter le pub, et oui, ce sont aussi des romantiques.

Pourtant, cette diction saccadée, ces mantra scandés jusqu’à l’épuisement, la section rythmique simpliste (mais diablement efficace) régulièrement haché par les coups de cutter que semblent donner la guitare… tout respire l’esprit punk primitif, le mal-être, la banlieue dans la grisaille, et la musique comme exutoire. La musique d’Italia 90 respire le monde ouvrier, ils parlent d’injustices, de violences policières, de mal être. Ces copains de petite enfance, en partie fan de PIL (la basse de Jah Wobble hante la plupart des morceaux) n’en soignent pas moins leur look, entre fripes vintage et bretelles colorées, pour autant sobre, tel des prolétaires branchés, loin du punk à chiens.

Depuis 2018, des titres comme « New Factory » (réenregistré pour l’album) ou « An Episode » et « Stroke City » (tous deux absents ici), munis de la hargne primitive du Post Punk originel nous avaient grandement mis l’eau à la bouche, et puis… on ne vous fera pas l’offense de vous parler encore de l’événement mondial qui a repoussé la sortie de cet album a 2023.

« Cut » est jeté en guise d’amuse-bouche, et annonce la suite. C’est bien de ne pas mettre le meilleur titre en premier, ça récompense ceux qui explorent vraiment les albums, et tant pis pour les autres. Car les choses sérieuses débutent réellement avec « Leisure activities », emballant, inquiétant, la frugalité dans la production contrastant tout à coup avec des effets de guitare saisissants, tout comme pour l’explosion sur « Competition ». La guitare disparait régulièrement pour laisser la paire basse-batterie, frénétique, mettre en exergue le chant si caractéristique de Les Misérables (prolétaires, on vous a dit) comme sur « Magdalene ». De ce brouillard émergent çà et là des titres plus chaleureux (sonorités de musique cubaine, rythmique plus légère) pour ainsi diversifier quelque peu le propos et rendre l’album plus… riche.

Cet album très attendu ne déçoit donc pas, le saut qualitatif par rapports aux précédents singles est impressionnant, niveau production et composition. 2023 commence fort.

2023 – Brace Yourself Records

https://italia-90.bandcamp.com/

Tracklisting:

  1. Cut
  2. Leisure Activities
  3. Magdalene
  4. Competition
  5. New Factory
  6. The MUMSNET Mambo
  7. Funny Bones
  8. Golgotha
  9. Does He Dream?
  10. Tales Fom Beyond
  11. Harmony