Le folk mélancolique du 9ème album du songwriter nancéen est juste magnifique.


Bonjour tristesse ! La mélancolie exacerbée des six nouvelles et conséquentes compositions de l’ex Third Eye Fondation Matt Elliott est belle à pleurer. Les 45 minutes passées en sa compagnie sont un moment à part comme une douce parenthèse où le temps suspend tous ses tumultes.
Le but recherché par tout musicien n’est-il pas de nous transporter dans les méandres de son œuvre pour y saisir toutes les émotions ? C’est chose faite ! L’échange est ici absolument abouti et soigné. La beauté et la profondeur des mélodies sont remarquables. La fine équipe à la commande n’y est pas étrangère : David Chalmin, co-producteur de tous ses enregistrements depuis 2011 joue du piano, Jeff Hallam contrebassiste émérite (Dominique A., Brisa Roché) apporte de la rythmique et de la noblesse, Matt Elliott au chant et saxophone donne le la et illustre ses visions.

Ces hallucinations de fin de journée (The end of Days) allégories de fin du monde resplendissent du savant mélange de l’instrumentation et de la voix ample, posée et captivante de Matt Elliott. La comparaison avec un Leonard Cohen dès le premier morceau est tentante mais bien vite reléguée dans un coin de notre inconscient. Ces ruminations (lamentations) aux multiples influences s’étirent sereinement (des passages instrumentaux conséquents posent les jalons et la structure) nous laissant le loisir de s’approprier la mélodie ; le chant posé mélancolique et envoutant de Matt Elliott vient alors avec parcimonie s’intégrer et se superposer à la mélodie.

Le bristolien d’origine, installé depuis 20 ans à Nancy, n’est donc pas très optimiste, la chute inexorable de notre monde semble être le fil conducteur, mais sa musique précieuse et acoustique regorge d’arpèges de guitares cristallins, d’accords de piano sobres et accommodants, de plongées dans le son lugubre ou envoûtant d’un saxophone. Les influences sont issues du folklore mondial (grec, yiddish, slave ou portugais).
L’écoute de l’épuré (« Healing A Wound Will Often Begin With a Bruise ») ou des longues processions (« The End of Days ») ou (« Flowers for Bea) » – fanfare désabusée nous laissent le loisir de divaguer çà et là au gré de notre imagination. L’interaction avec la musique est totale.

Le tempo est lent, le propos est triste, mais la richesse et le classicisme des arrangements musicaux contrebalance merveilleusement cela et appelle à l’écoute de ce disque à tout heure de la journée. The End of the Days reste donc un disque lumineux !

Ici d’ailleurs / 2023

https://icidailleurs.fr/

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Tracklisting :

  1. The End Of Days
  2. January’s Song
  3. Song Of Consolation
  4. Healing A Wound Will Often Begin With A Bruise
  5. Flowers For Bea
  6. Unresolved