Avec sa Pop lumineuse glissant régulièrement vers le Shoegaze (ou peut être est ce l’inverse?), Seppuku sort de la garrigue et nous prouve que oui, il y a du Rock au pays des cigales!

Des quartiers Nords jusqu’aux Goudes en passant par la Belle de Mai (ou, pour paraphraser un groupe local culte : « De Bonneveine, jusqu’aux Aygalades »), Marseille respire le Hip Hop, sous toutes ses formes, des historiques, des durs, des rigolos… Bref, une riche histoire que l’on résumera aujourd’hui par l’inévitable « C’est Marseille Bébé ». Le reggae, via les sound systems, a aussi son publique, ainsi que, évidemment, la chanson Française.

Et le Rock ? Quelques salles, petites, se sont spécialisées, autour du quartier alternatif (Le Cours Julien). De petits concerts, ou l’on croise souvent un peu les mêmes personnes. Un microcosme dans la deuxième ville de France. Faut dire que le soleil tape fort pour porter des santiags. Les célébrités ? Dagoba, bien sûr, dans le style extrême. Puis des gloires assez locales, tel Kill The Thrill, Jim Younger Spirit, Conger !Conger ! ou Quetzal Snakes. Ou peut être encore feu Mina May, qui auraient peut-être eu leur heure de gloire s’ils étaient nés au bon endroit.

Du coup, quand débarques dans nos oreilles un groupe From Mars de grande qualité, on ne va pas bouder notre plaisir. Et on redonnera rapidement le passeport Marseillais a la petite moitié des membres qui le compose et qui habitent désormais à Paris, histoire de faire fi de cette information quelque peu contrariante. Dans une ville qui n’en manque pas, Seppuku est un nouveau rayon de soleil, frais, envoutant, une musique aussi belle qu’inattendue.

La trentaine, les cinq copains ont fait leurs armes au sein de quelques groupes locaux (notamment Horsees), des collaborations (Maxwell Farrington, connu pour son élégant binôme avec le Superhomard, de Montpellier) puis ont sauté le pas en diffusant trois singles en 2021, dont The Office, fruit de l’expérience de David (guitare, chant) en entreprise : « c’était comme dans The Office, mais en pas drôle ». Pop lumineuse a tendance Shoegaze, les bases étaient posées, bien que la hiérarchie des styles allait s’inverser. En effet sur Times, le rapprochement avec les plus belles heures du shoegaze est inévitable.

Multitude d’effets sur les guitares, voix éthérées, caisse claire électronique, mélodie lancinante, sorte de brouhaha hyper organisé ou tout est pourtant très clair, profond, certainement grâce à la production de Marc Portheau, responsable entre autres du son de Bryan’s Magic Tears, dont on peut également les rapprocher. L’ambiance est parfois très 80’s, comme sur Liar avec ses effets vintages et sa basse rondelette, ou particulièrement éthérée, avec entre autres Belinda et sa voix noyée sous la distorsion et le clavier. Lost My Smile, logiquement paru comme premier single avant la sortie de l’album, en est le sommet de Pop Lumineuse, une évidence dès les premières notes, et certainement le murmure qui nous viendra en tête lorsque, nostalgique, on se remémorera l’été 2024.

2024 – Modulor – Howlin’ Bana Records

Tracklisting:

  1. Baked Ziti
  2. Steven
  3. Liar
  4. Lost My Smile
  5. Wagnerian
  6. Belinda
  7. Which Beach
  8. Instable