Sur son premier album autour de la cornemuse galicienne, l’Espagnole Carme López propose une forte abstraction et une approche minimaliste de son instrument de prédilection.


La fascination des musiciens pour les qualités intrinsèques d’un instrument spécifique pique souvent la curiosité de l’auditeur, qui attend sagement mais sûrement à une vaste traversée de l’objet en question dont les attributs se voient magnifiés dans le travail compositionnel. C’est le cas de Quintela de Carme López, qui livre ici ce premier album autour de la cornemuse galicienne, instrument très attaché à la culture orale dans la péninsule ibérique.

Or plutôt que d’en livrer une impression ethnographique, la musicienne espagnole propose, à la manière d’une Pauline Oliveros (1932-1932) avec l’accordéon, une forte abstraction et une approche minimaliste de son instrument de prédilection. Hormis une entrée en matière avec un « Prologue: Cando a pena me mata, a alegría dame alento » et « l’Epilogue: Inflorescencia » qui achève Quintela, la cornemuse est dépouillée de toutes ses particularités identifiables afin d’exprimer ce qui fait sa véritable matérialité, comme le souffle qui remplit le sac ou la poche de l’instrument, ainsi que ses différentes notes continues et harmoniques réduites ici à leur plus simple expression.

Cette dépossession volontaire permet à Lopez de souligner la propriété essentielle de son objet qui consiste en une production sonore constante (le fameux « souffle continu ») permettant ainsi de jouer sur la durée de même que sur les intensités sans aucune difficulté. Entre la musique minimaliste des avant-gardes et celle folklorique et populaire, entre le haut et le bas, López joint les opposés dans leurs extrémités pour former un murmure universel à partir duquel toute musique devient possible. 

Warm Winters Ltd. – 2024

Tracklisting :

  1. Prologue: Cando a pena me mata, a alegría dame alento 3:32
  2. I: QUÉ? A Betty Chaos 8:33
  3. II: MATICOLO. Aos cans da casa: Piri, Sil, Duma e Mouri 9:32
  4. III: AVÓS. A Pepe e Manuela 7:20
  5. IV: CACHELOS. A César de Farbán 7:13
  6. Epilogue: Inflorescencia 3:48