Dead Meadow débarque là où on l’attendait le moins : stone rock section psychédélique compartiment narcotiques… Y aurait-il une niche pour ce genre ?
Shivering King and Others m’avait déjà laissé sur le cul, si vous me permettez l’expression. Un tel festival psychédélique, proche d’explosions sonores inspirées directement de Jimi Hendrix, ne peut laisser de marbre quiconque. En même temps, leur musique reste très contemporaine, empruntant autant au stone rock qu’au métal lourd ( section Led Zep/Black Sabbath/Soundgarden), sans jamais tomber ni dans l’un ni dans l’autre, suspendant sa course effrénée d’un certain idéal musical magique. Le mot est lancé, la magie ensorcelle l’auditeur.
Dead Meadow – qui se traduirait par une sombre morte plaine, ou prairie morte – est un groupe formé en 1998, originaire de Washington DC – à ce propos le Washington Post n’a pas hésité à les comparer aux My Bloody Valentine du hard – . Ils ont été épaulés dès leurs débuts par Fugazi, et plus particulièrement par leur bassiste Joe Lally et son label Tolotta Records. Il en sera ainsi pour leurs deux premiers albums, alliant déjà le psyché, le rock planant et le boogie. C’est ensuite Anton Newcombe, des Brian Jonestown Massacre, qui prendra le relais en produisant leur troisième album, un live. S’en suivra même une session avec John Peel pour une de ses mémorables Peel Sessions – marque déposée, fierté musicale de la BBC radio, et mention qui ne peut qu’enjoliver un CV.
Ce n’est donc que l’année dernière et avec l’auto-produit Shivering king and others sous le bras qu’ils ont été signés sur Matador records, dont la réputation sur la scène indé n’est plus à faire. Leur style a déjà quelque peu évolué, se dispersant moins, et se servant du rock comme d’autres se servent du jazz : place à la jam session, où l’improvisation ouvre les portes de la perception. Dead meadow est – à ce titre – à rapprocher de quelques-uns des albums sortis l’année dernière par le prolifique John Frusciante, autant pour la construction des morceaux que des ingrédients utilisés : faire du nouveau avec du vieux (n’hésitant pas non plus à faire appel au sitar plus seventies tu meurs, au wah wah et autres échos hypnotiques). Enfin, une amitié en commun avec Joe Lally explique peut-être – tout – le reste.
Il faut dire que le quatuor pose d’entrée de jeu les règles (du jeu) dès leurs pochettes. Les précédentes étaient déjà psyché, mais admettons que celle-ci bat tous les records : Pink Floyd période The Piper at the Gates of Dawn n’est pas très loin semble-t-il…
Certains titres, comme « Get up on down », sont de véritables odes à la fainéantise (et ce malgré le tam tam speedé de « Through the gates of the sleepy silver door » – notez la clarté du titre…-), tellement ils font à peu de chose près les mêmes effets lobotomiques que les drogues douces : les fameuses jambes coupées. A ce propos, on ne serait guère étonné d’apprendre que les gars sont de bons adeptes du stick, mais enfin on va pas lancer des rumeurs à tout va non plus (bien que je mettrai ma main à couper que…). Si ça se trouve ils carburent au lait enrichi en vitamines… mouais.
Enfin, il fut un temps où j’aurais dit : « ceci est un disque idéal quand t’as fumé un joint ». Mais ce temps est bel et bien révolu car je ne fume plus. Enfin, vous aurez compris où je veux en venir non ? Si ce n’est pas le cas, sachez que l’on navigue ici sur des eaux épaisses, dans un brouillard dense, dans une chaleur moite, où les hallucinations ne se révèlent que bien après avoir été vues… Bon on arrête là car certains pourraient se méprendre à mon égard. Bien que…
Il faut ajouter que les paroles ne sont pas piqués des vers non plus : on est dans le même décorum que Tolkien ou Lovecraft, à savoir un fantastique d’évasion qui ne fait que confirmer tout le paragraphe que voici. Et toc.
Avec un peu d’imagination, on peut rapprocher cet album d’un Desintegration ou Pornography version hard. Des titres comme « Eyeless gaze all eye/don’t tell the riverman » sont par contre plus à rapprocher de la période animaux de la ferme de Pink Floyd. Enfin, le woodstock spirit n’est jamais loin non plus, avec ses longs soli de guitare à la Jimi Hendrix. Plus proches de nous, on pensera à Comets on Fire et Warlocks. En fait, ce disque constitue un beau méli mélo qui semble recycler toute bonne discothèque du type mes disques en rapport avec la drogue…
-Le site de Dead Meadow