La mondialisation ce n’est pas seulement synonyme d’exploitation et de plus petit dénominateur commun. C’est aussi l’ouverture des frontières et de l’esprit du rock. Viva el Chile de Panico!
Contrairement à ce que la pochette et une première écoute pourraient faire penser, Panico n’est pas un énième groupe issu de Big Apple et de la nouvelle vague post-punk, art-punk ou dance-punk truc bidule. Biberonné aux Pixies comme c’est pas permis – on pense bien sûr à Sufer Rosa et Come on Pilgrim, et a fortiori aux titres baragouinés en espagnol – ce groupe est originaire du Chili, encore une preuve que l’Amérique Latine semble le premier continent tiers-mondiste à investir le rock.
Les paroles, très simples, voire simplistes, s’attardent sur le comment bouger, pourquoi, et tout le tra la la. Encore des empêcheurs de tourner en rond qui prêchent la bonne parole d’Alain, selon qui le bonheur est dans le mouvement. Théorie intéressante ceci dit, qui part du postulat que tant qu’on bouge et que l’on fait quelque chose, on n’a pas le temps de s’attarder sur soi, et donc de se lamenter sur son – triste – sort. Non, ici, rien de tout ça. Pas sûr que ça aurait plu à Pinochet (tant mieux) car leur musique tient tout de même plus du marxisme, voire du maoïsme que de la rigueur fasciste. Les paroles donc, sont un savant mélange d’anglais et d’espagnol, déblatérés sur des riffs efficace de chez efficace, le tout caressé par des percussions de toutes sortes qui rappelleront aux abrutis que le groupe est latino-americano. Wey!
Produit par Joakim et Cristian Vogel (respectivement co-fondateur de Tigersushi et producteur de Super Collider et des Cheeks on speed), les sonorités électro sont là pour servir le côté dance-floor, pendant que le chant d’ahuri blasphématoire et les riffs cisaillés ou la basse ankylosante (« Anfetaminado ») servent de prétexte punk à la fanfaronnade générale à laquelle invitent les morceaux qui défilent. On pense, très vite et pas seulement à cause de la pochette – à nos bons amis de !!!, c’est à dire surtout à ce foisonnement artistique de création qui semble répondre à sa façon aux hippies et leurs communautés des seventies, ici version punk funk. Notons aussi un hommage à Iggy Pop, « Iguana », histoire de dissiper tout malentendu. « Guerra Nuclear » peut faire penser aussi à Q and not U : enfin, à toute la scène new yorkaise en somme.
Bon, pour la petite histoire, sachez que le groupe existe depuis un peu plus de 10 ans, et qu’il a déjà sorti chez lui quelques 5 albums, mais qu’il ne se prend pas au sérieux pour autant (regardez la bouille du chanteur à ce propos). Il arrive en France (un de ses membres est français – la chica wey) et en Europe grâce à l’appui de Tigersushi, qui, on le sait, défend de fort belle manière les artistes de son étable. Le chant d’Eduardo, très coloré, fait penser aux Espagnols de Migala, et notamment à la reprise qu’ils avaient fait des Sex Pistols sur « Anarchy in the UK ».
Le côté festif punkisant est présent de bout en bout. « Santiago song » et ses « we like you to cha cha cha, from santiago to barcelona » sont on ne peut plus clairs. Encore un petit disque pour mettre tout le monde de bonne humeur, sauf vos voisins!
Le site de Panico