Premier album d’un habitué des dance-floors, Looo s’attaque à une musique mutante, le steady big beat. Dans les clubs, les platines en raffolent.


On se souvient de l’adage des Wampas “Never trust a guy who after having been a punk is now playing electro” qui figurait en titre de leur dernier album en date. Pourtant bien que cet aphorisme soit plutôt bien fondé, le cas de Looo suscite des réserves. Même s’il est vrai que ce dernier entre en plein dans la catégorie précitée, à l’image d’autres rockers qui ont réussi leur reconversion dans les machines, notre homme manie avec élégance l’art du sample électronique. Dans un télescopage de styles, le lyonnais savoure dix ans d’activisme musical partagé entre le rock des Mescaleros et l’électro d’In Extremis sur l’album Dari daring. Mélange de reggae, steady, ragga, trip hop sur fond de beats programmés, ce disque pousse le groove sur un dance-floor en ébullition.

Signé sur le label bordelais Vicious Circle, home des excellents Minor Majority ou Calc, Dari daring fait suite au maxi Steady Big Beat déjà repéré dans les bacs des pointues boutiques du genre. Adepte d’un son puissant et charnel dont la formule est bien éprouvée par les squatteurs de platines comme Busdriver, Madlib, J. Rocc ou encore Micatone, Looo construit ses chansons comme un dj set. Gardant toujours en tête la sensualité du rythme, le musicien est devenu un adepte de l’hédonisme. Il suffit de jeter une oreille sur des titres comme « Wenguedeng », « Keeping the faith », « Kingdom safari » ou le très lascif « Sweet jun » pour en être convaincu. Quelque soit le style emprunté, la texture sonore est traitée avec condescendance, au plus près de sa nature originelle. Tout semble avoir été conçu avec une approche où l’espiègle côtoie le plaisir.

S’attirant les services d’une électro de luxe mâtinée de funk et de hip hop que ne renierait pas Funkadelic ou Parliament, le compositeur triture le son à sa guise et en extrait une matière synthétique aux boucles aguicheuses. Il propose alors une musique décomplexée et ludique à l’image des titres « Le kid » ou « Hurricane sf4 ». Serein quant à la propension à tomber dans la facilité et la futilité, Looo ne cache pas sa confusion à jouer le même morceau avec des mixes différents, « Steady two », « Steady three », comme on en entend souvent dans les clubs. C’est peut être le piège dans lequel choit souvent les habitués des platines. Ainsi, certains titres pêchent par un manque de concision et de ce fait se révèlent moins convaincants (« Le mur de planck », « Rayure » ou « Boot EG »). Mais malgré ces petits ratés, ce premier opus dispose d’une bonne tenue.

Bucolique et euphorique, Dari daring n’a pas à rougir de son enthousiasme contagieux. Le disque séduit par un ton personnel et un mélange ambitieux des genres. Son auteur a su conjuguer l’hédonisme du funk, les variations d’une électro hybride avec les exigences d’une résistance d’esprit. Un album indocile qui rend la fréquentation passionnante.

-Le site de Vicious Circle