Ce trio de mathématiciens du son, possède tout comme Postal Service, le don d’ubiquité de franchir sans encombre les terrains indépendants de l’electro, de la pop et du rock. De quoi ne pas nous laisser statique.
« Les adorables sonorités statiques » : Voilà un superbe titre, qui de plus colle parfaitement à la peau de cet album. The Mobius Band est la nouvelle signature du label américain Ghostly, spécialisé dans l’électro d’avant-garde, et qui depuis quelques temps ouvre son champs d’exploration au rock barré avec Skeletons & the Girl Faced Boys et à la pop dans le cas de The Mobius Band. Un peu comme Warp ces temps-ci avec Maxïmo Park dirons-nous… Sans oublier les MMMerveilleuses structures visionnaires Morr Music et Mego qui ont ouvert le terrain de l’electro-rock au Postal Service et la clique DFA.
The Mobius Band est un groupe d’electro-pop qui derrière un faux immobilisme gestuel travaille des mélodies lancinantes et des guitares brouillonnes. Eclos sous la forme d’un duo, Ben Sterling et Peter Sax ont migré de leur bourgade du Massachussets vers Brooklyn où ils ont croisé Peter Katis, (ingénieur son d’Interpol) et recruté le batteur Noam Schatz. Transformé en turbo trio, la parution du superbe EP City Vs Country au printemps dernier a réouvert les parloirs au sein de la sphère indépendante US, notamment Pitchforkmedia. Très doué pour lancer la hype (CQFD : Arcade Fire), le webzine a depuis retourné sa veste suite à la parution de The Loving Sounds Of Static, jugé médiocre. Et pourtant, ce premier album ne mérite pas un tel châtiment et s’avère remarquable. Les adeptes du Postal Service, le fameux projet electro pop de Ben Gibbard (Death Cab For Cutie) et Jimmy Tamborello (Dntel), y trouveront matière à y coller leur timbre.
Le frontman Ben Sterling n’a certes pas la singularité vocale de Gibbard, mais ces textes sont plus soignés. Bon, tout le monde s’en fout des textes si la mélodie n’est pas là – s’exclame Alain Levy face à son moniteur – et bien The Mobius Band a aussi des prédispositions mélodiques ! A vrai dire cette faculté de s’énerver en faisant du surplace, cette implosion mélancolique a juste la tare de ne pas être inventée par eux. Ces délicieux arpèges elliptiques réitèrent les adéquations connues initiées par les frères Kadane (The New Year, Bedhead). Posé sur une trame synthétique qui a bon ton de rester humble, les blip blip savent se tenir et lorsque c’est la batterie qui empiète le terrain (“Radio Coup”), on a alors affaire à un solide combo rock. Toujours côté rock, sur le superbe “Close the Door”, il est facile de déceler les trouvailles soniques de Peter Katis déjà exploitées sur Interpol.
Il faut un peu de temps pour percer l’intensité de certains morceaux, noyés aux abords dans une certaine homogénéité. Les tempos lents ne réussissent également pas tous à complètement convaincre sans vraiment lasser non plus, mais se serait dommage de passer à côté de ce premier album jugé comme un simple vent de hype qui aurait tourné court. Allez, un dernier pour la route : nous on aime bien l’algèbre de The Mobius Band.
-La page du Mobius Band sur Ghostly