Derrière ce patronyme à l’intonation norvégienne se cache le compositeur des tubes de A-Ha. Revenu de ces années à succès, Magne Furuholmen nous livre un premier album solo d’une densité qui rappelle Travis ou Coldplay.


Un disque dédié aux routes non explorées annonce une certaine franchise sur son contenu. Riche en sens, cette épigraphe prête à son auteur une malice bien cachée. Soit ce dernier avoue ses faiblesses et nous laisse à penser que son album n’est pas aussi réussi qu’il aurait pu l’être, soit l’initiateur du projet a tant de cordes à son arc qu’il nous réserve pour la suite d’excitantes directions. Pour s’en convaincre, il faut tout d’abord ne pas tenir compte de l’argument commercial qui vante les credits du disque. Ainsi, deux Coldplay, un Travis et Ed Harcourt viennent apporter leur soutien à Magne F alias Magne Furuholmen.

Outre l’anecdote des collaborations, ce n’est pas un hasard si on retrouve ces musiciens sur ce projet solo car Magne partage avec ces derniers une affection particulière pour élever la pop au rang d’art majeur. Pas de doute, à l’écoute des chansons de Past perfect future tense, toutes signées du norvégien, on découvre un artiste qui par sa maîtrise de la construction musicale a bien des affinités avec les groupes sus-cités.

Loin d’être un novice en musique, Magne F est le compositeur des principaux tubes du groupe A-HA. Même si certaines grimaces se font sentir, il faut bien admettre que derrière l’image d’un boys-band les chansons des norvégiens contenaient un sens mélodique certain. D’ailleurs en se rappelant un peu, il n’y a pas que votre serviteur qui a dansé à l’époque dans les boums sur ces hits… Vivant de ses royalties, notre homme s’est éloigné de la musique pour se replier sur son premier amour, la peinture. Aujourd’hui, il renoue avec la musique en publiant un premier effort solo Past perfect future tense. Douze chansons aux accents pop construisent le disque dont certaines pourraient être les cousines de Coldplay (« All the time », « No one gets me but u », « You don’t have to change ») voire de American Music Club (« Obsolete », « Nothing here to hold you », « A friend like me »). D’ailleurs Magne F partage aussi avec Mark Eitzel un grain de voix éraillé qui donne tout son charme au chant. Toutefois, certains pourront être gênés par cette voix quelque peu approximative sur plusieurs compositions qui malheureusement fait de l’ombre au soin apporté aux arrangements.

Derrière les mélodies pop, l’auteur nous livre une vision mélancolique de la vie et de la fragilité de l’homme laissé à sa seule condition. Des textes aigres-doux qui font la part belle à la médiocrité et aux blessures intérieures (« Je n’ai jamais été plus habile que quand je ne parle pas » sur « Never sweeter » ou « Dans tout ce que nous avons écrit il y avait une note de désespoir » sur « 2cu shine », clin d’oeil ironique à son ancien groupe). De ce titre jusqu’à celui de l’album, notre norvégien s’amuse de son rang d’ancienne gloire en se moquant de son passé et d’un succès prochain plutôt incertain, Past perfect future tense.

Entre légèreté et application à concevoir un album pop, Magne F dessine les contours d’une musique qui n’a jamais été aussi sincère que lorsqu’on y voit ses défauts. Certes, Past perfect future tense est un disque qui ne briguera pas les prix de fin d’année mais qui séduit par la bonne tenue des compositions.

-Le site de Magne F