Souhaitant rendre hommage à la période bénie de la pop, ce sextet Parisien à trois voix féminines propose un délicat voyage en terre sixties.
Il plane une sorte de mystère autour de cette sortie : très peu d’informations ont filtré autour du groupe, ce qui pourrait être une stratégie marketing dans certains cas, mais rarement pour un premier album. Pourtant, le fait qu’il soit proposé par Howlin’ Banana Records, pourvoyeur providentiel du meilleur du Rock Made In France ces dernières années (Madcaps, Kaviar Special, Volage…) attire forcement l’attention. Et puis, il y a ce jeu de mot avec « Gloria in excelsis deo », un chant pastoral à la gloire de Dieu qui fait forcement sourciller, tandis que la pochette (sublime!) typique flower-power de l’époque nous ramène paradoxalement à un style bien plus contemporain.
Les quelques doutes s’envolent dès la montée de « Braindead » : mid tempo, ambiance Wall Of Sound par Spector version folk, et ce cœur, quasi mystique, dont on ne sait s’il s’agit de sirènes ou de sorcières. Enregistrés aux studios Kerwax dans les Côtes D’armor, nous voyageons pourtant en terres américaines, en plein road trip vers l’ouest, les opiacées, l’amour libre et… l’Amérique puritaine.
Car, si au fil des titres, l’influence musicale des Allah Las se fait sentir et qu’on a pu lire ici ou là un rapport avec les Ronettes, c’est peut-être aussi du côté de Mother Maybelle & The Carter Sisters (dont faisait partie une certaine June) et autres groupes antiques de l’âge d’or de la country qu’il faut aller chercher. « Beam Me Up », premier single de l’album, avec ses chœurs enivrants nous téléporte effectivement dans un monde nouveau, tandis que « Shelter » hausse un peu le ton, et la suite de nous faire redescendre au pays des rêves éveillés. Ceci semble préparer à « In The Morning », une fuite parfaitement mise en musique sur un entrelacs de chœurs mystiques et d’arpèges langoureux, et dont le clip fait d’images d’archives nous plonge dans une Amérique rêvée… qui a pourtant bien existé. Superbe.
Passé ce climax, les ballades défilent: (« Howlin’ Stones » faisant figure d’ovni – quoi que plaisant), « The Highlight » et « Requiem For A Witch », qui vient clôturer l’album en délicatesse, et surtout, la majestueuse « Shame » qui nous fait dire que la qualité des instrumentaux semble inébranlable sur cet album. « In Excelsis Stereo » est beau de bout en bout, invite au voyage, et donne envie de percer le mystère. Une tournée importante est parait-il prévue, des éléments de réponse seraient donc à venir…
Howlin Banana Records/ Modulor – 2016
Tracklisting :
1. Braindead
2. Beam Me Up
3. Shelter
4. Show Me Your Trail
5. Exotica
6. In The Morning
7. Howlin’ Stones
8. The Highlight
9. Shame
10. Requiem For A Witch